Les petits déjeuners : bien plus qu’une aide alimentaire
Selon le dernier baromètre Ipsos-Secours populaire publié en septembre 2018, la précarité alimentaire touche 1 Français sur 5. Et 20% de la population française considèrent ne pas pouvoir faire trois repas par jour et s’alimenter sainement. Au-delà de l’aide alimentaire, 89% des Français affirment que ces moments de distribution représentent aussi des rencontres, ils permettent de briser l’isolement, qui détruit les êtres dans leur humanité, ils favorisent la (re-)création du lien social.
À l’Ordre de Malte France, plus de 70 équipes de bénévoles organisent des distributions de petits déjeuners ou de soupes au bénéfice des personnes en grande précarité dans les grandes villes de France. Principalement organisées le week-end, moment où de nombreuses associations ferment leurs portes, mais également le soir en semaine, ces distributions permettent d’accueillir les personnes les plus fragilisées de façon inconditionnelle.
Témoignages en miroir de Lucile, bénéficiaire et d’Adrien, bénévole des petits déjeuners.
LUCILE
L’Ordre de Malte France et vous, une longue histoire ?
Cela fait maintenant trois ans que je retrouve chaque dimanche l’équipe de l’Ordre de Malte France. Je suis veuve depuis dix ans et mes enfants et moi nous sommes perdus de vue. Ces rendez-vous du dimanche sont donc pour moi un moment qui me permet de briser ma solitude. Les membres de l’équipe varient parfois, mais j’ai commencé à tisser des liens privilégiés avec certains.
Que vous apportent ces moments partagés ?
Ils me font vraiment du bien. Alban, Benoît, Bruno … ils sont tous gentils, serviables, très attentifs et ne manquent jamais de me demander comment je vais. Les dimanches sont parfois très longs, alors j’attends nos rencontres avec impatience. Nous commençons à bien nous connaître, nous nous tutoyons, je peux me confier. Ce sont des pauses précieuses.
ADRIEN
D’où vous vient votre engagement ?
Je trouve que j’ai beaucoup reçu, par mon éducation, ma famille, mon entourage. C’est bien, mais transmettre ce qu’on a reçu et prendre du temps pour donner, c’est mieux ! J’ai donc voulu aller à la rencontre de ceux qui ont moins de chance que moi. À l’époque à Paris, un ami déjà engagé au sein de l’Ordre de Malte France m’a proposé de l’accompagner aux petits déjeuners de Notre-Dame. J’ai aussi participé à quelques maraudes, puis, en 2011, de retour à Toulouse, je me suis vraiment engagé.
Humainement, qu’est-ce que cela vous apporte ?
Participer à des actions comme les petits déjeuners du dimanche, nous confronte de plein fouet à la misère quotidienne. C’est une prise de conscience à laquelle on ne peut échapper ! On n’est pas toujours très attentif aux personnes sans abri croisées dans la rue, on passe parfois rapidement… Le dimanche matin nous offre le temps de rencontrer vraiment les personnes, de discuter, d’échanger.
Ces vies ne sont pas les nôtres mais elles méritent la plus grande attention ! Les plus belles histoires sont celles où nos anciens compagnons de petits déjeuners viennent nous voir et nous apprennent qu’ils ont un travail, qu’ils ne sont plus à la rue. Ça donne tout son sens à notre action : aider ces personnes à traverser une passe difficile.
Une vraie relation de solidarité s’est créée. C’est le plus important pour moi. Sans oublier, l’ambiance très chaleureuse qui règne au sein de l’équipe des bénévoles, et qui rend notre action si belle.
Comment agir avec nous ?