Un poste de secours hors normes

Samedi 12 août, je suis en patrouille de prévention feu de forêts sur ma commune lorsque je reçois, à 14h54, un appel de la cellule de crise mise en place par la préfecture pour la surveillance d’une manifestation non autorisée (rave-party) et demandant d’urgence des équipes de secouristes… 15 à 20 000 fêtards sont attendus. Ils seront finalement près de 30 000. Pas facile a priori de mobiliser du monde un long we férié, à la dernière minute, et pour des circonstances exceptionnelles (nature de l’événement, chaleur écrasante, risques de violences…) ! Mais nos bénévoles font preuve d’une réactivité extraordinaire : alertés par téléphone, certains sont prêts à partir sur les lieux dès 16 h ! La préfecture, informée que nous ne pourrons armer, dans un laps de temps si court, qu’un VPSP et un PMA (poste médical avancé) restreint, est malgré tout très soulagée de cette aide que nous allons apporter, aux côtés d’autres associations comme la Croix-Rouge.
Vers 18h, trois heures seulement après l’alerte, nous sommes sur place ! Une présence d’ailleurs indispensable : nous n’avons pas le temps de terminer notre installation que les blessés commencent à affluer. De la « bobologie » aux cas plus graves, nos bénévoles démontrent leur professionnalisme. Calmes et efficaces, ils font face à toutes les situations et accomplissent leur travail avec détermination, dans un contexte difficile, où alcool et drogue ne font pas bon ménage.
Les évacuations des victimes sont particulièrement délicates, en raison du nombre de personnes et de voitures circulant sur la quasi seule route d’accès au site. Je signale à la préfecture que les évacuations ne sont pas assurées convenablement, comme celle de cette jeune fille asthmatique, dans un état de quasi coma : une urgence absolue, alors que la circulation est paralysée ! La préfecture m’ayant informé que l’hélicoptère Dragon 131 de la Sécurité civile n’était pas disponible, je demande aux gendarmes une ouverture en force de la route. Après trois quarts d’heure d’attente, on me demande d’avancer la victime autant que nous le pourrons, pour diminuer ensuite le temps de trajet vers l’hôpital. Nous l’embarquons et commençons à nous frayer un passage… Un kilomètre et 30 minutes plus loin ( !), nous faisons la jonction avec les forces de l’ordre, qui précèdent à grand peine les pompiers. Nous devons transférer sur le bord de la route la victime et.
Au fur et à mesure, la tension monte chez les festivaliers, dont certains manifestent des signes d’agressivité. Cependant, les pouces levés, les remerciements de toutes sortes fusent autour de nous et lors de nos déplacements. Ce salaire reçu en nature, les remerciements des personnes que nous assistons, sont un baume au cœur, et notre engagement prend toute sa valeur. Nous sommes toutefois obligés de nous réfugier une fois dans le VPSP, en raison d’une tentative d’agression.
Malgré l’insistance de la Préfecture, nos secouristes sont épuisés et je suis obligé d’arrêter notre poste dimanche soir. Tous ont accompli leur tâche avec compétence et dévouement.
L’investissement de nos bénévoles est tellement inépuisable que certains repartiront en mission au service des festivaliers dans la nuit du lundi à mardi, avec l’accord enthousiaste de la cellule de crise, qui manque toujours de monde sur place. Un immense BRAVO et MERCI à tous !
Le poste en chiffres : 26 h samedi et dimanche – 14 h de lundi soir à mardi matin – 24 bénévoles mobilisés par groupes de 12 (parfois les mêmes) – plus de 100 interventions.

Les mêmes secouristes ont de nouveau répondu à l’appel de la préfecture lors du gigantesque incendie du vendredi 17 août, qui a coupé la liaison ferroviaire entre Marseille et Cassis. Nos logisticiens ont mis en place un Centre d’Action des Impliqués pour fournir de l’eau et une aide morale aux voyageurs bloqués pour la nuit dans leurs trains, en les rassurant. Enfin, le lendemain, ils sont également intervenus pour transformer un gymnase en centre d’hébergement d’urgence pour des personnes déplacées suite à un incendie de forêt.