« De hauts grillages, un portique de sécurité, des caméras, un chemin de ronde… » : la description faite par un journaliste des Dernières Nouvelles d’Alsace (édition du 14 février 2018) ne donne pas une image très riante du CRA de Geispolsheim. Malgré un « bout de forêt » à proximité, la réalité de la vie quotidienne dans ce centre, où sont retenues des personnes sans papiers, n’est pas facile. 4 maisonnettes disposant de chambres de deux lits permettent d’accueillir 34 hommes. En 2015, un peu moins de 500 personnes y sont passées, dont la moitié ont été reconduites dans leur pays. Les attentats de novembre 2015 avaient entraîné sa fermeture à la fin de l’année, en raison de la mobilisation de la police sur la frontière franco-allemande. Il a rouvert mi-janvier.
Mais comment en arrive-t-on là ?
Un individu en situation irrégulière interpellé peut être enfermé en CRA. 48 heures après, le juge de la détention et des libertés décide de maintenir ou non la rétention, dans un délai maximum de 45 jours, le temps d’identifier la personne et de préparer son retour dans son pays d’origine ou celui de son titre de séjour.
Le droit de recours
Les arrivants dans les CRA sont informés de ce droit et accompagnés dans leurs démarches par une association, chargée de les aider. A Geispolsheim (comme à Lille et Metz), c’est l’Ordre de Malte France qui est présent, avec une équipe composée de deux juristes. Une aide indispensable, selon Mathias Venet, : « Il y a des situations terribles ici, une vraie souffrance psychologique liée à l’exil, des gens malades et un lieu anxiogène. Ça génère des tensions. »
Un nouveau projet de loi
Le projet de loi asile et immigration qui a été examiné en conseil des Ministres le 21 février comporte un volet sur le fonctionnement des CRA. Un allongement de la durée de rétention (de 45 jours à 90) est notamment étudié, car les documents nécessaires au règlement de la situation des retenus sont parfois longs à établir. L’ordre de Malte France rejoint cependant le constat de nombreux acteurs de la rétention, qui estiment que l’allongement de la durée de l’enfermement n’aura qu’un impact limité sur l’augmentation du nombre d’éloignement, prolongeant inutilement la rétention d’un nombre important de personnes.
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