… Daniel Huchon, ergothérapeute, et Brigitte Taverne, chef de service paramédical, de la Maison Saint Jean de Jérusalem (Rochefort) : ergothérapeute, qu’est-ce que c’est ?
En quoi consiste votre métier ?
Daniel : En MAS, il est prioritaire que la personne soit « confortable » dans son installation, dans son corps pour pouvoir accéder à son environnement et interagir avec lui. L’ergothérapeute a pour mission de permettre à la personne handicapée d’être le plus autonome possible, que ce soit pour ses déplacements, sa communication, sa vie quotidienne, en intérieur ou à l’extérieur…
Brigitte : Les actions de l’ergothérapeute, en lien avec les Projets Individuels des résidents et les indications médicales des médecins, se réalisent autour de la communication adaptée (tableau de pictogramme, synthèse de voix, atelier radio…), les déplacements (apprentissage de fauteuil…), la réflexion autour des adaptations, le confort, l’installation… tout ce qui vise l’intégration de la personne à son environnement. Il intervient, soit à la demande des équipes, soit à celle des chefs de service, afin que ces dernières effectuent les bons gestes et utilisent le matériel adapté pour la sécurité des résidents comme pour la leur.
Vous travaillez seul ?
Daniel : A la Maison Saint Jean de Jérusalem, je suis le seul ergothérapeute (depuis 14 ans !) mais je travaille en lien avec les équipes éducatives, mes collègues IDE, le kinésithérapeute, les agents techniques et avec Brigitte, chef de service paramédical pour tout ce qui concerne les achats et adaptations dans l’établissement. J’interviens également ponctuellement à la Maison Saint Jean de Malte, qui accueille des personnes autistes, pour donner des conseils, notamment sur l’alimentation, le choix des matériels ou les aménagements architecturaux.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
Daniel : J’essaye d’accompagner les résidents au quotidien, par des aides techniques, en élaborant du matériel orthopédique et en adaptant les fauteuils roulants aux activités, par exemple pour le foot ou le paddle, ce qui leur permet d’être acteurs de leur activité.
Brigitte : L’ergothérapeute suscite, stimule la participation citoyenne et l’inscription dans la vie de la cité. Lors de l’élaboration du projet de soins, Daniel, grâce à ses compétences, a enrichi les outils d’évaluation comme la Fiche identification des Signes sur le Vieillissement, dans le but de définir avec l’équipe pluridisciplinaire des indications (rythme de vie, soins, sports…) adaptées à chaque âge. Chacun doit avoir un projet qui correspond à ses besoins et ses capacités.
Associez-vous les familles à votre travail ?
Daniel : Oui, bien sûr, notamment pour le choix du matériel. Et il m’arrive d’aller à domicile pour aider les familles à préparer leur environnement pour les séjours de leur adulte.
Avez-vous des projets en cours ?
Daniel : Nous travaillons également autour de la déglutition, qui est souvent un problème pour nos résidents. Pour cela, nous avons besoin de plats ayant des textures spécifiques : mixé, etc.
Brigitte : Nous étudions actuellement, en lien avec un prestataire extérieur, le « manger main ». Certains résidents ayant des difficultés à s’alimenter peuvent retrouver indépendance et plaisir à manger plus facilement avec les doigts des aliments adaptés. C’est important pour lutter contre la dénutrition en particulier. C’est là que la technicité de notre prestataire vient compléter la compétence de Daniel, pour réaliser les bonnes textures!
Daniel : Nous travaillons par ailleurs beaucoup la communication, par exemple pour adapter les documents légaux, comme la charte des droits et libertés, afin que la majorité des résidents les comprennent et puissent se les approprier. Nous avons aussi développé de nombreux supports visuels sur les murs de la maison que l’on fait vivre au quotidien (planning d’activités, informations sur les événements de la cité et sur les événements internes, temporalité, vie de la maison…). En fait, on essaye d’apporter les réponses qui conviennent aux capacités de la personne. Nous ne sommes pas que des techniciens, la dimension humaine est primordiale pour nous. L’objectif est d’aboutir à la reconnaissance de la personne au- delà du handicap.
Comment agir avec nous ?