Une bénévole et une étudiante bénéficiaire du foodtruck déployé sur le campus de l’Université Paris-Saclay (91).
La rentrée universitaire a permis de donner un coup de projecteur sur les étudiants en grande difficulté. Dans un contexte économique très tendu, la situation financière de nombre d’entre eux est alarmante. À tel point que certains doivent sauter des repas pour ne pas se retrouver dans le rouge. Les associations, comme l’Ordre de Malte France, sont leurs bouées de secours. Illustration à travers plusieurs départements.
Près de 70% des étudiants en situation de précarité renoncent à leurs dépenses alimentaires[i]. Un constat insupportable, en 2023, en France. Sans parler du fait que nombre d’entre eux renoncent aussi à dépenser pour des produits d’hygiène, des loisirs… Face à la situation, l’Ordre de Malte poursuit ses actions alimentaires dédiées à la population étudiante fragile.
Colmar, dans le Haut-Rhin (68). « Sur le campus, une quarantaine d’étudiants sont inscrits auprès de nous chaque année », expose Nadia Hoog, la déléguée adjointe de l’Ordre de Malte France dans ce département de l’est de la France. Cette année, la délégation locale de l’Ordre de Malte France va présenter, le 17 octobre, ses activités à des étudiants en situation de précarité de l’Université de Haute-Alsace (UHA). Aux côtés d’autres associations, les bénévoles de l’Ordre de Malte France vont ainsi aller au-devant des étudiants dont les revenus sont insuffisants pour financer eux-mêmes la totalité de leurs repas.
Pour pouvoir bénéficier de cette aide alimentaire, les étudiants sont orientés par une infirmière ou par assistante sociale, selon Nadia Hoog. Les étudiants auxquels vient en aide la délégation se trouvent à des moments différents de leurs cursus respectifs : en licence, en master ou en doctorat. La plupart du temps, ils viennent de l’étranger et vivent, de ce fait, très loin de leurs familles. « Nous leur apportons aussi des couvertures et des vêtements, car nombre d’entre eux viennent de pays chauds et le choc thermique est difficile dès l’automne ».
Pour atteindre ces étudiants, la délégation du Haut-Rhin met sa maraude hebdomadaire du samedi à profit. Bien que la maraude soit destinée à un public large au départ, les étudiants sont inclus dans la tournée. « Il y a parfois des étudiantes enceintes, des étudiants en très grande difficulté, certains sont déjà en famille… et très souvent avec un haut niveau d’éducation, mais avec d’énormes problèmes financiers », témoigne Nadia Hoog.
Toujours en Alsace, mais cette fois à Strasbourg, l’Ordre de Malte France se mobilise sur le campus de l’université de la ville. La délégation du Bas-Rhin se rend chaque semaine sur le campus dans le but de distribuer des denrées alimentaires, mais en toute discrétion. « Certains vivent cette situation dans la honte de devoir demander de l’aide », explique Thierry Vandamme, le délégué local. Inquiet, celui-ci souligne que, par ailleurs, pour les étudiants étrangers, il est souvent difficile de trouver un « petit boulot » permettant de financer leurs études.
Le foodtruck de la délégation des Jeunes et de la petite couronne dans une résidence étudiante, située Porte de Vanves, dans le sud de Paris.
En partenariat avec la Région Ile-de-France, à Paris, la délégation des Jeunes et de la Petite Couronne est aussi mobilisée sur le sujet. Depuis le début de l’année 2023, tous les mardis soir (en dehors de l’été), les jeunes bénévoles se rendent avec leur foodtruck dans une résidence, non accessible par des personnes de l’extérieur. De 20h à 22h30, les jeunes distribuent des plats préparés, des desserts, des boissons chaudes…. Entre 15 et 30 personnes sont au rendez-vous. « D’une semaine à l’autre, nous retrouvons les mêmes visages », souligne Gaultier d’Abadie, le délégué des Jeunes de l’Ordre de Malte France.
Un peu plus au sud de l’Ile-de-France, sur le campus de l’Université Paris-Saclay (UPS) et dans le cadre de la coopérative solidaire animée par la direction de la vie étudiante, la délégation de l’Essonne (91) vient aussi en aide aux étudiants qui en ont besoin, grâce à un foodtruck. L’activité a démarré à la rentrée 2022, grâce à un partenariat avec la Région Ile-de-France. Initialement, les bénévoles servaient des repas le mardi soir. « Mais nous nous sommes aperçus que ce n’étais pas le plus adapté », commente Nicolas Ruelle, le délégué de l’Ordre de Malte France en Essonne. Aussi, début 2023, le foodtruck a commencé à être déployé le jeudi de 12h30 à 15h, juste à côté d’une distribution de produits alimentaires des Restos du Cœur, qui permet d’identifier les étudiants bénéficiaires. Deux ou trois bénévoles sont mobilisés et plus de 50 personnes viennent à chaque fois.
L’Ordre de Malte France se met à côté des Restos et distribue gratuitement de la petite restauration et des boissons chaudes. Ça leur fait une petite pause conviviale qui leur permet de ne pas repartir en cours le ventre vide, et ça marche très bien.
Au-delà de l’aspect alimentaire de toutes ces distributions, l’aspect social est crucial. Non seulement ces étudiants manquent de moyens financiers, mais ils manquent aussi de liens sociaux. Les foodtrucks sont donc aussi l’occasion d’échanger avec eux et de leur apporter un peu de chaleur humaine.
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