Solidarité : premiers retours terrain

Des statistiques qui font peur

Si des efforts ont été faits l’hiver dernier, ils restent largement insuffisants. 10 015 places d’hébergement d’urgence supplémentaires ont été ouvertes, dont une sur cinq en hôtel. Le taux de demandes non pourvues par jour s’est stabilisé autour de 34% entre l’hiver 2016-2017 et le précédent. Mais, à la fin de l’hiver 2016-2017, 26% des personnes hébergées ont été remises à la rue, contre 21% durant l’hiver 2015-2016… Seules 5% ont été orientées vers le logement de droit commun et 4% vers un logement adapté. Des chiffres¹ qui étonnent et font froid dans le dos…

Des associations mobilisées

Les associations soulignent que ces chiffres ne reflètent pas toujours la réalité du mal ou non logement. La Fédération des Acteurs de la Solidarité, dont l’Ordre de Malte France est adhérent, rappelle que de nombreuses personnes à la rue ne sollicitent pas le 115 : une enquête récente sur les maraudes indique que 72% des 1 300 personnes rencontrées n’ont pas sollicité le 115 le jour de la rencontre. Et le nombre de personnes menacées d’expulsion est en augmentation, selon la Fondation Abbé Pierre. La dégradation de la prise en charge des personnes en demande d’hébergement s’observe sur de nombreux départements : Seine-Saint-Denis, Haute-Garonne, Nord, Paris, Isère, Gironde, etc. où le taux de non attribution oscille entre 70% et plus de 90%. On constate une augmentation de la demande d’hébergement mais également une hausse de la fréquentation dans les accueils de jour. Celles-ci touchent principalement les familles, qui constituent une demande au 115 sur deux.

La situation vue par nos bénévoles

Nos bénévoles ont généreusement repris leurs actions de solidarité un peu partout en France : petits déjeuners, soupes, maraudes, accueils de jour, distributions alimentaires, etc. Leurs premiers retours sont assez pessimistes. Dès la reprise, les équipes des petits déjeuners et maraudes ont constaté une fréquentation à la hausse. « Nous avons eu 17 personnes dès le premier petit déjeuner, c’est beaucoup, s’étonne le délégué de Clermont-Ferrand. D’autant plus que nous avons lancé cette activité quelques dimanches en avril dernier et démarré vraiment en novembre seulement… » A La Rochelle, « la fréquentation est en hausse de 30 à 40 %, c’est énorme ! », raconte le délégué. Le responsable des maraudes de Toulouse témoigne : « il y a beaucoup de familles à la rue ». A Grenoble, 50 personnes en moyenne fréquentaient les petits déjeuners, on en compte plus de 70 cette année… Une explication ? « Le nombre de places en centres d’hébergement n’augmente pas en proportion du nombre personnes arrivant en France (migrants, réfugiés…), explique Anne Parisse, responsable Solidarité de l’Ordre de Malte France. Il y a un réel phénomène de saturation, c’est dramatique ». Plusieurs personnes accueillies soulignent et remercient l’action de l’Ordre de Malte France, dont les bénévoles ne se contentent pas de distribuer de la nourriture mais offrent un vrai moment d’échange et d’écoute individuelle.

1. Chiffres de la Direction Générale de la Cohésion Sociale, concernant le territoire français.