Malgré la signature du Pacte parisien de lutte contre la grande exclusion il y a 3 ans, la mairie de Paris constate que « de nombreuses personnes restent sans abri et, parmi elles, certaines demeurent peu ou pas visibles, et peuvent ne pas avoir connaissance des services ou dispositifs existants ». Pour mieux cerner les besoins des personnes rencontrées et améliorer les réponses apportées, elle a organisé une première Nuit de la Solidarité, le 15 février dernier, de 19h à 1h.
Le but : avoir une photographie la plus précise possible du sans-abrisme à Paris, de manière quantitative (dénombrement des personnes) et qualitative (sous forme d’un questionnaire simple). Aucune distribution alimentaire ou autre n’a été proposée, mais les personnes en détresse (non vitale) ont été signalées par les chefs d’équipe auprès des QG d’arrondissement mis en place cette nuit-là, qui ont fait le relais avec les services sociaux, etc.
A cette occasion, un décompte anonyme des personnes à la rue a été réalisé dans les vingt arrondissements de la capitale, avec l’aide de Parisiens volontaires.
L’Ordre de Malte France a mis à la disposition de la Ville des chefs d’équipe (maraudeurs expérimentés) pour encadrer les 1 700 volontaires, répartis en 350 équipes. L’un d’entre-eux raconte : « J’ai encadré cette nuit-là une petite équipe de bénévoles de tous horizons chargée de sillonner les rues d’une partie du XVIème arrondissement, entre Notre-Dame d’Auteuil et les quais de la Seine. Faisant moi-même régulièrement des maraudes, c’est une zone qui ne m’est pas inconnue ! J’ai d’ailleurs tout de suite retrouvé deux personnes à la rue que je connais bien et avec qui j’ai tissé des liens d’amitié au fil du temps. En revanche, nous sommes tombés sur une troisième personne que je n’avais jamais vue. Petite anecdote : nous avons croisé la maraude sociale de l’Ordre de Malte France, qui tournait également à proximité, comme d’habitude. Elle a d’ailleurs accompagné cette personne vers un centre d’hébergement d’urgence. La démarche était utile et intéressante pour mieux connaître ce public, c’est une bonne initiative de la Mairie de Paris. En revanche, je pense que les résultats seront un peu faussés à cause du temps. La soirée a été pluvieuse et, dans ce cas, les personnes à la rue cherchent des abris, pour lesquels elles déploient des trésors d’imagination, et il est parfois impossible de les retrouver… En tous cas, la présence de « Maltais » parmi tous les bénévoles mobilisés ce soir-là était très importante à mon avis, pour montrer que nous mettons la charité en action ! »
Cette opération d’envergure avait déjà été réalisée dans d’autres grandes villes mondiales, mais jamais à Paris. Les données seront traitées et analysées par des observatoires scientifiques et les résultats accessibles à tous.
Comment agir avec nous ?