Réouverture de Notre-Dame de Paris : un résident témoigne !

Qu’avez-vous éprouvé lors de ces « retrouvailles » ?

J’ai eu la chance d’être convié à assister – avec deux autres résidents de la Maison Saint-Jean de Malte[1] et des membres bénévoles et salariés de l’Ordre de Malte France – à la messe célébrée pour les associations le jeudi 12 décembre. C’était très émouvant. Mon ordination diaconale s’était déroulée dans ce lieu : j’ai eu l’impression d’être de nouveau à la maison avec… comme un parfum de résurrection ! Les pierres blondes, les lumières bleutées : tout était d’une beauté absolue. Entendre à nouveau l’orgue était également très prenant. On aurait pu croire que la cathédrale nous disait : « Me voici, telle que vous ne m’avez jamais vue ! »

A la fin de la messe, vers midi, cela a été un arrachement de partir. Vous savez, un peu comme lorsque l’on a retrouvé de vieux amis qu’il faut ensuite quitter rapidement.

Pensez-vous que beaucoup de visiteurs ont été touchés par ce renouveau ?

Ma famille était venue me voir et s’était levée tôt pour pouvoir aller à une messe à 8h30 : ils ont tous été étonnés de voir le monde présent. On sent que les gens se « réapproprient » Notre-Dame. C’est une redécouverte théologique, personnelle et émotionnelle. C’est très puissant : on prie sur du Beau et dans du Beau. Il a fallu qu’on risque de perdre notre cathédrale pour qu’on redécouvre sa grandeur. Elle nous est indispensable, c’est notre Maison commune ! Paris sans Notre-Dame, c’est inimaginable : c’est la raison pour laquelle de nombreuses personnes ont été bouleversées à travers le monde au moment de l’incendie.

Qu’est-ce qui vous a le plus frappé ?

La fameuse Vierge du Pilier, qui a retrouvé son environnement naturel : j’ai une dévotion particulière pour elle. Et j’aime beaucoup les pages magnifiques de Claudel, qui s’est converti à ses pieds : « Ici ! Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes. Ne rien dire, regarder votre visage, laisser le cœur chanter dans son propre langage. Ne rien dire, mais seulement chanter, parce qu’on a le cœur trop plein (…). Parce qu’il est midi, parce que nous sommes en ce jour d’aujourd’hui, parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie, simplement parce que vous existez, Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée. »

C’est un de mes passages préférés ! La Vierge Marie est notre mère à tous, y compris de ceux qui n’en ont pas conscience. La Vierge du Pilier a été épargnée par le feu. J’y vois un signe, comme si Notre Dame voulait nous rappeler – comme Jean-Paul II l’avait fait en son temps – notre engagement de chrétiens et nous inviter à une foi toujours plus profonde.

[1] Maison d’accueil spécialisée pour personnes handicapées physiques gérée par l’Ordre de Malte France à Paris.