Le 3 octobre 2013, une barge avec à son bord plus de 500 migrants, la plupart originaires d’Erythrée, disparait sous les eaux de la mer Méditerranée, au large de Lampedusa. Alertées par des pêcheurs, les Autorités Portuaires envoient des bateaux de patrouille. Des médecins et des psychologues du CISOM, le Corps Italien de Secours de l’Ordre de Malte, embarquent à bord pour porter secours aux naufragés. Ce drame fera 366 morts ou portés disparus. Seulement 155 personnes survivront.
En plus des soins de premier secours, les bénévoles du CISOM ont apporté un soutien crucial, à la fois aux survivants, mais également aux sauveteurs ayant eu pour mission de récupérer les dépouilles. Pendant les 15 jours qui suivent le naufrage, le CISOM a fourni un accompagnement psychologique aux opérateurs et aux témoins du désastre, aux familles des victimes qui se sont rendues sur l’île aux fins d’identification et aux citoyens de Lampedusa.
Ces cas d’extrême urgence se sont répétés à plusieurs reprises tout au long de l’année 2015. La Méditerranée est devenue le passage le plus meurtrier du monde en 2014. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations, 22 000 migrants ont perdu leur vie aux portes de l’Europe depuis l’an 2000, la quasi-totalité d’entre eux en Mer Méditerranée. La majorité de ces migrants venaient des zones les plus troublées et dangereuses du continent africain, où des famines, des guerres, des persécutions et l’oppression ne permettent pas de vivre dans la sécurité et la dignité. Depuis fin 2013, la situation s’est encore plus détériorée à cause du conflit syrien et de l’urgence dans la bande de Gaza. La seule porte du salut est un dangereux périple que les migrants sont forcés d’emprunter, même au coût de leurs vies.
Le Corps Italien de Secours de l’Ordre de Malte est majoritairement composé de volontaires spécialisés : infirmiers, médecins, psychologues, experts en logistique, cuisiniers, ouvriers en usines, électriciens, éleveurs de chiens, pilotes d’avions, et bien d’autres encore. Ses femmes et ses hommes s’engagent dans des opérations de protection civile et de sauvetage suite à des catastrophes naturelles.
Depuis 2008, la Méditerranée est devenue le principal cadre d’intervention des bénévoles du CISOM. A partir de Lampedusa, les membres du CISOM embarquent à bords des unités navales des Gardes Côtes pour assurer les premiers secours dans le Détroit de Sicile. En 7 ans, ils ont fourni une assistance à plus de 900 hommes, enfants, et femmes.
Le personnel médical et paramédical spécialisé intervient 24h/24, 7 jours/7, tous les jours de l’année, souvent dans des conditions météorologiques particulièrement difficiles. Le sauvetage d’un bateau bondé d’hommes, de femmes et d’enfants est une mission très délicate. Noyades, bousculades à bord, déshydratation, hypothermie, absence de nourriture, avarie matérielle, inhalation d’émanations d’essence… les risques sont omniprésents. Les petits accidents peuvent se transformer en tragédie et un simple changement du centre de gravité peut causer le retournement de l’embarcation.
Lors d’une intervention d’urgence, les équipages aident les migrants à embarquer sur les bateaux de patrouilles et les médecins évaluent leurs états de santé. Une fois en sécurité à bord, les personnes sont traitées aussi longtemps qu’il est nécessaire avant d’atteindre le port. Avant l’arrivée, le docteur contacte les autorités médicales à terre afin d’organiser le transfert des migrants vers des hôpitaux. Une fois à quai, des transports par hélicoptère sont organisés pour les personnes sérieusement blessées.
En 2015, les bénévoles du CISOM ont passé plus de 100 000 heures en mer. Un chiffre qui risque de s’amplifier en 2016. Depuis le 1er janvier, plus de 1700 migrants débarquent quotidiennement en Europe par la mer. Face à cette situation, l’Ordre de Malte France réaffirme son engagement sur le long terme auprès de ces personnes exilées : « L’Ordre souverain de Malte a toujours déclaré qu’il ne peut y avoir de solution à court terme au problème, ni que celle-ci puisse être faite de murs ou de slogans. Nous devons construire des ponts, pas des murs, comme l’a récemment dit le pape François » affirmait le Grand Maître Fra’ Matthew Festing, en ce début d’année.
Comment agir avec nous ?