Depuis maintenant deux ans, l’hôpital de l’Ordre de Malte France à Djougou (Bénin) accueille ces jardins dédiés à la sensibilisation des mères aux bonnes habitudes alimentaires.
Établie au sein du Centre de Protection Maternelle et Infantile « Maison Marigot », cette activité constitue une étape supplémentaire dans l’accompagnement de la mère et de l’enfant sur la voie de la santé.
Le développement des jardins est assuré jusqu’en 2019, grâce notamment au précieux soutien de la Fondation ENGIE
En Afrique, un enfant sur deux n’atteindra pas ses cinq ans pour cause de malnutrition*.
Derrière cette terrible statistique se cachent plusieurs niveaux de carence, ou, plus rarement, d’excès d’un ou plusieurs aliments essentiels au développement et à la croissance de l’enfant. On distingue la malnutrition chronique (mauvaise alimentation sur le long terme) de la malnutrition aigüe (sous-nutrition), qui peut être modérée à sévère.
Dans tous les cas, des retards ou anomalies de croissance sont observés, pouvant aller jusqu’au décès.
Au Bénin plus particulièrement, 12% des ménages vivent dans l’insécurité alimentaire, avec pour résultat une prévalence de la malnutrition chronique de 37% chez les enfants de moins de cinq ans et un taux de mortalité de 1 enfant sur 10 **.
L’un des moyens de lutter efficacement contre la malnutrition est d’agir dès le début de la vie de l’enfant, en y associant la mère de façon pédagogique : en effet, les enjeux de croissance sont cruciaux dès les premiers mois qui suivent la naissance, et la sensibilisation aux bonnes habitudes alimentaires permet d’assurer le bon développement de l’enfant.
* Organisation Mondiale de la Santé – sept. 2016
** Database de la banque mondiale
Afin de lutter contre la malnutrition sous toutes ses formes au sein du complexe mère-enfant, l’hôpital de l’Ordre de Malte France à Djougou accueille ainsi, depuis 1997, un Centre de Protection Maternelle et Infantile : la Maison Marigot.
Ce centre assure en particulier des missions de surveillance, de traitement ainsi que de pédagogie alimentaire. Il fonctionne selon deux modes distincts :
En premier lieu, la consultation d’enfants sains permet de prévenir et détecter une éventuelle forme de malnutrition. Ils y sont pesés et mesurés afin d’assurer un suivi optimal de leur croissance.
En 2016, 286 des 1 963 enfants examinés ont été dépistés comme malnutris, dont 150 atteints de malnutrition aigüe sévère.
À ce jour, près de 19% ont pu être pris en charge à l’hôpital et retrouver un rythme de croissance normal.
À travers des ateliers de démonstration culinaire et au cours de séances éducatives, les mères apprennent les combinaisons d’aliments locaux permettant une alimentation équilibrée et à haute valeur nutritive. 672 mères ont participé aux ateliers de démonstration culinaire en 2016.
Également, une production locale de farine enrichie est vendue à bas prix aux indigents et aux enfants en situation difficile afin de prévenir la sous-nutrition.
Ces villages ont été ciblés prioritairement en raison de leur éloignement géographique et des difficultés d’accès à l’hôpital de Djougou.
Les mêmes prestations sont alors assurées par une équipe de quatre membres de la Maison Marigot qui se rendent directement au sein de ces villages afin d’y mesurer les enfants, de les peser et de s’entretenir individuellement avec leurs mères pour des conseils personnalisés.
Si un enfant est repéré en situation de malnutrition au cours de ces missions, il est alors envoyé à la Maison Marigot pour y être traité.
En vidéo : Portrait d’Idrissou, l’un des missionnaires de la stratégie avancée dans les villages autour de Djougou
Installés en 2014 dans l’enceinte même de la Maison Marigot, ces jardins d’une superficie totale de 900 m² constituent une nouvelle étape dans la stratégie de lutte contre la malnutrition développée par l’Ordre de Malte France à Djougou.
En participant directement à la création et à l’entretien d’un potager, les mères apprennent à jardiner et combiner les produits alimentaires locaux, afin d’obtenir des mets équilibrés et de haute valeur nutritive. Elles y apprennent l’importance des légumes dans l’alimentation, chez l’enfant comme chez l’adulte, pour grandir et se protéger des maladies.
Les légumes ainsi récoltés (tomates, maïs, gombo, échalotes, salades…) sont cuisinés à l’occasion de démonstrations culinaires, aux cours desquelles elles sont également sensibilisées à l’hygiène de l’alimentation et l’innocuité des aliments.
Des mères béninoises cuisinent des mets traditionnels à partir de la récolte des jardins – © Ordre de Malte France
À l’issue de ces ateliers, les mères repartent avec des sachets de semences pour pouvoir cultiver chez elles et appliquer les méthodes apprises.
Également, une partie de la production des jardins est utilisée au profit des enfants souffrant de malnutrition et soignés à la Maison Marigot.
Enfin, un verger est également en cours de développement avec bananiers, orangers, citronniers…
En plus de répondre à une problématique de santé (la malnutrition), ces jardins ont aussi vocation à répondre à une problématique économique : en effet, les mères prennent conscience que la culture de fruits et légumes à domicile leur permet d’économiser de l’argent pour nourrir plus facilement leurs familles.
Les formations, qui accueillent 15 à 20 femmes à chaque séance, révèlent l’importance du travail en groupe et la responsabilité que celui-ci entraîne, tout en valorisant l’acquisition d’un véritable savoir-faire.
L’accent est également mis sur la dimension lucrative d’un potager, qui participe à la vie économique et au développement d’un village et de ses habitants en étant une véritable activité génératrice de revenus.
DES JARDINS EN PLEIN ESSOR DANS UN NOUVEL HÔPITAL !
Alors que l’ensemble des services de l’hôpital de Djougou viennent de déménager dans des locaux voisins flambant neufs, un nouvel essor s’offre aux jardins hospitaliers : avec un nombre croissant de résidents, le jardinage et les formations qui accueillent déjà plus de 1 500 femmes par an vont probablement voir leur capacité augmenter.
Les besoins matériels grandissants (outils, semences, nouveau système d’irrigation)… seront couverts jusqu’en 2019, grâce notamment au précieux soutien de la Fondation ENGIE.
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