L’association Nationale Tutélaire (ANAT) a été créée en 1998 à l’initiative de l’Ordre de Malte France pour assister avec humanité des majeurs placés sous mesures de protection par les magistrats à la tutelle. Parmi les professionnels, des juristes assurent les actes de la vie courante des majeurs (gestion du budget mensuel et du patrimoine, règlement des factures, démarches administratives…). Auprès des salariés, les bénévoles contribuent à combattre l’isolement dont souffre la plupart des personnes accompagnées : ils effectuent des visites de courtoisie, les aident à faire leur démarches ou leur course… Au total, bénévoles et professionnels accompagnent 540 majeurs protégés dans leur vie quotidienne. Rencontre avec Alain, bénévole de 48 ans, qui intervient auprès de personnes victimes du syndrome de la grande exclusion.
En quoi votre mission est complémentaire de celle des salariés de l’ANAT qui accompagnent administrativement les majeurs protégés ?
En tant que collaborateur bénévole, je contribue modestement à aider les mandataires. J’œuvre toujours en concertation avec eux. Ils me définissent des orientations en fonction de leurs attentes.
Mes actions tentent de conjuguer la bienveillance auprès des majeurs et d’apporter des réponses pragmatiques. Sur le terrain, je me rends généralement au domicile du majeur, mais je peux également me rendre à leurs chevets au sein des hôpitaux ou des maisons de retraites. En fonction des besoins, je peux être amené à apporter mon aide dans des opérations de la vie courante.
A travers cette action, j’essaie de donner au mandataire ma vision la plus objective possible sur les évolutions du majeur. Cela apporte des confirmations de situations et peut initier de nouvelles opportunités pour le majeur.
Quels types de personnes rencontrez-vous ?
Il n’y a pas un profil type de majeur protégé. Cependant, on remarque un nombre important de femmes retraitées issues de tous milieux socioculturels. La souffrance physique et psychique, le handicap social et les conséquences liées aux revenus modestes et aux pathologies sont présentes.
Est-ce que des liens d’amitié peuvent se créer avec les personnes que vous accompagnez ?
Concernant les relations vis-à-vis des majeurs protégés, j’estime que nous ne nous situons pas dans des relations complètes d’amitiés. Celles-ci appartiennent plus à la sphère privée.
Mais au regard du majeur, je ne me situe pas non plus comme étant « son tuteur » avec les ressentis de l’autorité et ses contraintes. Ma place se trouve plus dans le registre de la proximité, de la discussion avec des liens de confiance qui se tissent avec le temps et l’entourage.
Qu’est-ce que vous apporte personnellement cette action de bénévolat ?
Voir un sourire se dessiner sur le visage de la personne protégée et savoir que nos actions la rendent contente sont pour moi des sources de plaisirs sans prix.
Par ailleurs, cette mission très enrichissante contribue à améliorer mes pratiques professionnelles et aussi à me remettre en question.
En fonction des différentes situations rencontrées, je mesure qu’il s’avère nécessaire de toujours rester humble devant la complexité humaine. Dans mes « analyses de situations » je tente de conserver le maximum d’objectivité, de neutralité afin d’apporter au mieux des éléments de compréhensions.
Comment agir avec nous ?