Le témoignage de Dr Lahla Fall, dermatologue spécialiste de la lèpre au Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte à Dakar

Docteure Lahla Fall est dermatologue spécialiste de la lèpre au Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte (CHOM) situé à Dakar (Sénégal). Au quotidien, elle fait son possible pour contribuer à accompagner et améliorer la santé de ses patients atteints de la lèpre.

Pourquoi êtes-vous engagé auprès des personnes atteintes de la lèpre ?

La lèpre est une maladie qui peut être très handicapante si le dépistage n’est pas précoce et si le suivi médical n’est pas rigoureux. La léprologie est une spécialité qui n’est plus enseignée malheureusement, alors que près de 250 nouveaux cas sont enregistrés chaque année au Sénégal. Je me suis engagée dans cette lutte car je partage parfaitement les convictions de l’Ordre de Malte qui sont d’apporter soins et assistance aux plus démunis. Je me suis engagée également en tant que fille de la nation sénégalaise, espérant pouvoir contribuer à accompagner et améliorer la santé des populations.

Que constatez-vous au quotidien dans l’exercice de votre métier de dermatologue spécialiste de la lèpre ?

Je constate que la lèpre est une maladie de la pauvreté qui nécessite des soins coûteux et longs en cas de complications chez des patients très démunis. Les malades infectés par la lèpre sont stigmatisés du fait de l’absence de sensibilisation de la population. Chez les 10-15 ans et 20-40 ans, le dépistage est trop tardif et arrive au stade d’invalidité (il y a même quelques cas d’enfants âgés de moins de 5 ans pour lesquels il n’existe pas de forme pédiatrique des traitements anti-lépreux). Enfin, les malades affectés par la lèpre et leur famille sont peu suivis et accompagnés au niveau psychosocial.

Quel(s) message(s) souhaiteriez-vous transmettre aux bénévoles qui vont quêter partout en France lors de la prochaine Journée Mondiale des Lépreux ? Et aux donateurs ?

La lèpre est une maladie tropicale très négligée avec peu de moyens et ressources octroyés pour mener des activités adéquates. Le CHOM de Dakar reste le bras technique du Ministère de la Santé du Sénégal, et constitue un grand espoir pour les malades, car ils y retrouvent un bon accueil et les meilleurs soins (et donc leur dignité). Il faut poursuivre les efforts et continuer à soutenir la lutte contre la lèpre, car la maladie est très loin d’être éradiquée.