Evénement - Publié le 14/06/2017 Lecture 4 min

Entretien avec Cyril, réalisateur du film anniversaire de la campagne « 90 ans #SansFanfare »

1/ Connaissiez-vous déjà l’Ordre de Malte France ?

Franchement, vaguement, de nom… J’avais quelques idées sur l’Ordre de Malte d’un point de vue historique mais pas du tout sur les champs d’activités caritatives.

2/ Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le projet ?

J’ai trouvé l’idée de départ du créatif de l’agence Mlle Scarlett – réaliser un film à base de sons caractérisant les activités de l’association – très intéressante. On oublie trop souvent que le son, c’est la vie ! Mettre les images et les sons sur le même plan m’a semblé particulièrement pertinent et passionnant.

3/ Comment vous êtes-vous lancé ?

J’ai rencontré l’équipe communication et lu les nombreux documents qui m’ont été remis. Au départ, le film devait être composé d’archives mais je trouvais que c’était compliqué. J’ai donc voulu tourner, moi-même, des portraits de « Maltais » de 1mn30, d’où serait ensuite tiré un film de 30 secondes. J’ai essayé d’adopter le point de vue le plus sobre possible, pour « tirer » le maximum d’empathie de ce que je voyais. C’était l’approche qui me paraissait la plus compatible avec les valeurs de l’association, celle également permettant l’intimité la plus grande possible, pour coller au plus près de mes sujets.

4/ Le tournage s’est-il bien passé ?

Oui, les différentes séquences ont été variées, un peu éclectiques. J’ai filmé un petit déjeuner, les réfugiés à Tours, les personnes autistes à Lèves, le Fleuron Saint Michel, les bénéficiaires de la bourse Envol, les secouristes, les maraudeurs. Un bon aperçu des activités de l’association ! Mon parti pris a été de tourner, non pas avec une caméra de reportage, mais avec une caméra de cinéma (qui pèse 20 kgs !). Je souhaitais que ça ne fasse pas trop témoignage mais montrer que tous les gestes étaient naturellement beaux. Mettre de la beauté dans l’humilité des actions décrites et la simplicité des gestes – le message principal pour moi –, quelles que soient les difficultés, pour les magnifier, me paraissait primordial. Il fallait jouer sur le décalage esthétique pour témoigner d’une action réelle et concrète…

5/ Quel accueil avez-vous reçu ?

J’ai reçu un accueil extraordinaire de la part des bénévoles filmés, même si ça n’a pas toujours été facile de leur faire comprendre mon parti pris. Ils s’attendaient tous à quelque chose de beaucoup plus institutionnel ! Mes portraits sont caractérisés par des prénoms, pour garder un minimum d’anonymat. Il n’était pas question de montrer des super-héros en action, mais une aventure dans laquelle chacun peut se reconnaître.

“ Les bénévoles ont une confiance en leur action qu’ils arrivent à transmettre à ceux qu’ils aident ”

6/ Le tournage qui vous a le plus marqué ?

Je dirais… la maraude. Les bénévoles ont une confiance en leur action qu’ils arrivent à transmettre à ceux qu’ils aident ! J’ai aimé ce côté « guerrier » contre la misère, qui force le respect. Ils ne se posent pas de question, ils agissent, c’est évident. D’autres moments ont été plus difficiles. Sur le Fleuron, les passagers, souvent en grande détresse, n’avaient pas forcément envie de se montrer. Il a fallu s’adapter. Le tournage le plus impressionnant a été la Maison Saint-Fulbert, avec les personnes autistes. Mais globalement, j’ai été très heureux de participer à cette aventure et de faire vivre à mon équipe des moments uniques. Le travail réalisé par l’association est magnifique et ses bénévoles formidables. J’ai été frappé par leur jeunesse et leur sourire : ils respirent la joie. Les actions ne sont pas pesantes, elles sont faites de bon cœur !

7/ Et pour conclure, des anecdotes à nous raconter ?

A Tours, nous avons été reçu par Ramzi, le bénévole de l’Ordre de Malte France qui vient en aide aux nouveaux réfugiés. J’ai eu besoin de tourner une séquence non prévue au départ et il a réussi à obtenir pour cela l’accord d’une famille irakienne… sachant que mon directeur de la photo est lui-même un réfugié iranien ! Une situation un peu particulière donc, mais tout s’est très bien passé. La famille nous a invités à partager un repas : nous étions 3 mais il y en avait pour 15 ! Et le seul débat entre ces gens issus de deux pays qui ont été en guerre autrefois a porté sur la supériorité ou non de la cuisine iranienne sur la cuisine irakienne.

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