Il y a 20 ans… première tournée de la maraude médicalisée des Hauts-de-Seine

L’équipe, composée d’un médecin, d’une infirmière, d’une pharmacienne et d’un conducteur, soigne ce soir-là cinq personnes connues du Samu social du 92, pour des plaies au visage et aux pieds, un problème d’allergie, un début d’hypothermie, un problème gastrique… Dès la deuxième nuit, l’équipe commence à être attendue, parfois avec impatience !
A cette époque, l’équipe tournait tous les mardis, de 20h30 à… 5h du matin ! La nécessité d’un véhicule médicalisé adapté s’est vite imposée, pour pouvoir atteindre un plus grand nombre de personnes. Peu à peu, le nombre de bénévoles a augmenté régulièrement et permis deux maraudes médicales hebdomadaires tout au long de l’année, dans les Hauts-de-Seine.
En vingt ans, plus de 1 000 sorties et près de 50 000 km parcourus, l’équipe a dispensé des soins médicaux à environ 10 000 patients. Elle est actuellement composée de 7 médecins, 9 infirmières, 12 conducteurs et 6 assistants. Ses visites sont attendues par les personnes à la rue, parfois très déçues quand elles ne la voient pas… Et que de belles rencontres ! Nous recevons beaucoup plus que nous ne donnons. Un sans-abri m’a dit un jour : « Vous savez quoi, on a du bonheur dans la rue quand vous venez aider et soigner les sans-abri et ça c’est super ». L’écoute et l’échange de quelques mots apportent à ces personnes un véritable soulagement, un réel réconfort dans leur grande solitude et le début d’une relation de confiance.
Concrètement, comment ça se passe ? Le Dr Lessieux répond : « Traditionnellement, un médecin est appelé au chevet d’un malade chez lui ou le reçoit dans son cabinet : ici, la médecine se pratique dans la rue, la réalité du terrain diffère de la théorie. Les personnes de la rue sont prises en charge à bord d’une ambulance quand elles le souhaitent, afin de bénéficier d’une consultation, d’informations, d’un diagnostic et de soins appropriés. Mais parfois, en cas de refus d’une consultation dans le véhicule, la pratique médicale s’effectue sur le trottoir… Cette assistance qui n’est pas que médicale se déplace au chevet des personnes les plus démunies est vitale, durant les nuits de grand froid, voire de canicule auprès de toutes celles qui ne peuvent ou ne veulent aller dans un centre d’hébergement d’urgence. Nous nous rendons sur place, dans les squats, dans le métro, sous des abris bus, dans les squares, au seuil des immeubles, sous un porche ou sous les ponts.
La plupart du temps, nous ne pouvons pas prescrire les médicaments nécessaires. La majorité des personnes n’a pas de couverture sociale, même pas la P.U.M.A. (Protection Universelle MAladie) créée en 2016, anciennement Couverture Médicale Universelle (C.M.U.) ou Aide Médicale d’Etat (A.M.E.), ou elles ont perdu leurs papiers… C’est pourquoi nous leur donnons des Médicaments Non Utilisés (M.N.U.). En respect de l’article L.6325-1 du Code de la Santé publique, depuis le 1er janvier 2009, la récupération des médicaments étant devenue interdite, une convention a été passée avec Pharmacie Humanitaire Internationale (P.H.I.), nous donnant la possibilité d’obtenir l’ensemble des médicaments nécessaires à notre exercice.»

L’anniversaire sera fêté le vendredi 9 février à Boulogne lors d’une cérémonie réunissant le président de l’Ordre de Malte France, le maire de Boulogne et ses adjoints, le Préfet, de nombreux bénévoles et des personnes visitées.