Lèpre : plus de 50 ans de lutte contre la maladie
Un nouveau cas de lèpre dans le monde toutes les deux minutes : contrairement aux idées reçues, cette maladie multiséculaire n’est pas éradiquée ! L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui avait décrété en 2005 que la lèpre n’était plus un problème de santé publique compte tenu de la réduction de la prévalence de la maladie, a dévoilé en avril 2016 une stratégie mondiale de lutte contre la lèpre 2016-2020.
Au Sénégal, la lèpre progresse : 205 cas recensés en 2010, 248 en 2015 et 332 en 2016. Acteur de ce combat historique de l’association, depuis 50 ans, le CHOM (Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte) de Dakar est le centre de référence national pour la lutte contre la lèpre. Il prend en charge le volet médical, les interventions chirurgicales, la rééducation fonctionnelle et la réadaptation grâce aux appareillages orthopédiques. Il forme en outre le personnel de santé dans la détection, les soins et le traitement de la lèpre et réalise des missions de stratégie avancée dans toutes les régions.
Regards croisés de Mamadou, atteint de la lèpre à 21 ans, soigné au CHOM de Dakar, et de Lahla Fall, chef du service de médecine au CHOM.
Quel a été votre parcours de soins ?
MAMADOU
J’ai commencé par être traité en Gambie en 2014, puis un médecin m’a adressé au CHOM pour une prise en charge des complications liées à la lèpre. J’y suis actuellement hospitalisé au service de Médecine. Ce que j’apprécie au CHOM réside essentiellement dans la très bonne qualité de l’accueil des malades : le malade est écouté et considéré. Ça fait toute la différence avec ce qui peut se pratiquer dans d’autres hôpitaux dans le pays.
LAHLA
J’ai été recrutée en avril 2013 au CHOM en tant que médecin léprologue. J’ai accepté de travailler au service des malades lépreux car c’était une façon pour moi de servir mon pays qui a investi dans mes études (bourses de formation en médecine et de spécialité). J’ai complètement adhéré à la devise de l’Ordre de Malte qui est d’apporter assistance et soins aux plus fragiles. Le CHOM m’a donné ainsi l’opportunité de m’investir entièrement en tant que technicienne médicale, mais aussi dans le domaine de la santé publique (sensibilisation, dépistage, formation, etc.).
MAMADOU
Je me sens en sécurité au CHOM. Les malades sont bien traités et soignés sans aucune distinction de nationalité, de religion et de niveau socio-économique. Le plus démuni a également accès à des soins de qualité.
LAHLA
Je me sens utile pour mon pays, en tant que personne ressource dans le domaine de la léprologie. Les spécialistes léprologues sont rares au Sénégal. Le centre de référence qu’est le CHOM me permet de voir beaucoup de cas et d’acquérir une plus grande expérience dans la prise en charge de la maladie lépreuse.
Bien que le fait d’être médecin léprologue ne soit pas très valorisant (par rapport aux autres spécialités médico-chirurgicales), je ressens une très grande fierté de voir un malade de la lèpre, guéri sans séquelles grâce aux soins apportés par le CHOM, c’est ma plus grande récompense !
Comment agir avec nous ?