Dans la province de Likouala au nord-est du pays, environ un quart de la population est dite « autochtone » : ces habitants ruraux minoritaires, vulnérables et isolés, souvent discriminés, souffrent d’une grande pauvreté et d’un manque d’accès aux services élémentaires tels que les soins médicaux. L’Ordre de Malte France, en partenariat avec l’Agence Française de Développement (AFD) et soutenu par le Global Fund for Forgotten People (GFFP), vient de lancer une mission humanitaire au bénéfice de ces populations autochtones. Sur 3 années, le projet visera à améliorer leur accès aux services et aux soins de qualité, leur autonomie et leur responsabilisation.
Selon une évaluation effectuée par le Programme Alimentaire Mondial en 2014, le taux de pauvreté est environ deux fois plus élevé dans la Likouala que dans le reste de la République du Congo (71,9 contre 46,5%).
Les populations autochtones, représentant 1,2% de la population congolaise et un quart de celle de la Likouala, sont considérées comme rurales et vulnérables car elles souffrent d’un manque d’accès aux services élémentaires. Cette situation est aggravée par leur isolement géographique, la discrimination et souvent l’exploitation qu’elles subissent de la part d’autres populations majoritaires.
Les femmes et les enfants sont les principales victimes de cette situation : le taux de mortalité maternelle chez les autochtones est deux fois plus important que la moyenne nationale (781 contre 410 pour 10 000 naissances vivantes) et seulement 18% des femmes autochtones se rendent aux consultations prénatales, souvent par blocage culturel ou discrimination dans les centres de santé.
Les enfants présentent également de nombreux cas de malnutrition sévère, mais sont aussi atteints par le paludisme, le choléra, la tuberculose, la rougeole et la lèpre, épidémies en pleines recrudescence à cause du manque d’accès aux soins.
Reconnaissant la gravité de la situation, le gouvernement congolais a promulgué en 2011 une loi garantissant notamment « l’accès des populations autochtones à tous les services sociaux et de santé (…) sans aucune discrimination » ; mais son application se heurte malheureusement à la réalité socio-culturelle du terrain.
Les équipes de l’Ordre de Malte France, en appui à cette volonté du gouvernement, viennent de lancer un plan d’actions concrètes en faveur de ces populations. La mission est prévue pour 3 ans et s’articule autour de 3 objectifs principaux :
Grâce à la formation de 45 Relais Communautaires (RC) en Agents de Santé Communautaires (ASC), 70% des populations autochtones devraient pouvoir bénéficier d’un accès aux premiers secours d’ici la fin de la mission.
Ces Relais Communautaires seront recrutés dans leur grande majorité (80%) parmi les populations autochtones elles-mêmes, afin de les rendre actrices du projet et d’établir une relation de confiance avec le personnel de santé.
Afin de diminuer la mortalité maternelle et infantile en particulier, un développement des consultations mobiles est également indispensable : ainsi, une seconde clinique mobile viendra en appui à celle déjà existante, avec pour objectif un accès aux consultations médicales de qualité pour 90 000 autochtones. Le suivi des femmes enceintes sera un point de vigilance majeur de ces consultations mobiles : les équipes de l’Ordre de Malte France souhaitent que 75% d’entre-elles aient accès à une consultation prénatale.
Après avoir dressé un état des lieux de la situation sanitaire de la Likouala, la priorité sera de former les personnels de santé des hôpitaux : 4 auxiliaires de santé autochtones seront notamment formés. L’objectif est de rendre plus autonomes les établissements de santé sur les actes de petite chirurgie, notamment envers les enfants. L’Ordre de Malte France assurera également une mission annuelle de chirurgie orthopédique infantile.
Enfin, il est important de valoriser les pratiques de médecine traditionnelle les plus efficaces : les Responsable Communautaires bénéficieront ainsi dans leur formation d’un module dédié à ce type de soins, épaulés par 5 tradipraticiens.
Afin de restaurer l’identité d’une population stigmatisée et de lui redonner son intégrité, il est important de lui rappeler ses droits. Ainsi, une centaine de
réunions de sensibilisation annuelles permettront à la plupart des autochtones de connaître leurs droits fondamentaux.
En partenariat avec l’Association des Spiritains du Congo et Apiflordev, une seconde étape consistera à leur donner l’accès à des activités génératrices de revenus. Ainsi, un jardin communautaire est créé dans la ville d’Enyellé : une partie des produits cultivés sera directement consommée par les habitants, tandis qu’une autre partie sera vendue pour fournir un revenu aux communautés. Également, Apiflordev assurera chaque année 2 formations aux méthodes d’apiculture écologique, avec la perspective d’offrir une nouvelle ressource économique à des centaines de familles autochtones.
Enfin, ces dernières bénéficieront d’une formation pour le conditionnement et la vente du poivre sauvage sur les marchés locaux, filière qui se développe au niveau national et international.
Photographies : © Ordre de Malte France
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