Le 22 février dernier, l’hôpital géré par l’Ordre de Malte France à Njombé, au Cameroun, a accueilli un premier patient atteint du choléra. L’établissement s’est immédiatement mis en ordre de bataille pour faire face au flux qui a alors démarré. Le point sur la situation.
« Le choléra est une maladie de l’hygiène qui se soigne très bien, à condition qu’elle soit prise en charge très rapidement », expose Étienne Richard, le directeur de l’hôpital. Tout l’enjeu est là. En effet, comme pour de nombreuses autres maladies dont peut être atteinte la population locale, « ici, les gens ont tendance à venir tardivement à l’hôpital », déplore le directeur.
À l’origine de cette épidémie : des locaux résidant dans un quartier à proximité d’un plan d’eau sont revenus à Njombé, après une fête de famille. C’est là que de nombreux déchets et selles sont déversés. « Tout est parti de là », souligne le directeur. À ce moment-là, il faisait 38 degrés. En raison de la chaleur, les gens se baignaient beaucoup dans ce plan d’eau.
Face à la crise, réorganisation immédiate
Malgré la difficulté de la situation, un point positif mérite d’être relevé : « nous avons mis à profit ce que nous avions retenu de l’expérience Covid », souligne Étienne Richard. Ainsi, l’équipe a pu réagir très rapidement, de façon remarquable sous l’autorité du docteur François Ndoumbé, chef du service de médecine et chargé de la gestion médicale de l’épidémie. La salle de réunion (climatisée) a été transformée en salle de soins dédiée uniquement aux patients souffrant du choléra. « L’hôpital ne dispose en temps ordinaire que de quatre lits en isolement. Nous disposons heureusement de nombreux brancards qui nous ont permis d’accueillir tous les malades. »
Pendant toute une période, l’hôpital accueillait plus de 10 nouveaux malades du choléra par jour. Si l’on n’agit pas à temps, l’état du patient peut se dégrader très vite. « J’ai vu une personne à qui on a injecté 25 litres de solution soluté, mais elle éliminait tout au fur et à mesure », poursuit le directeur. Si l’établissement ne dispose pas de ces produits, la survie des patients est compromise. Malgré l’aide du ministère de la Santé, l’hôpital a dû acheter des poches de solution sur ses fonds propres pour répondre aux besoins.
Vers le 20 avril, plus de 250 cas avaient été traités, dont de nombreux enfants. Pour faire face à la crise, l’hôpital a recruté plusieurs personnels soignants (infirmiers, aides-soignants) en CDD. « L’épidémie est apparue au moment où l’hôpital était sollicité de façon totalement inhabituelle. A titre d’exemple, le taux d’occupation est d’environ 74 %. En mars il était de plus de 99%, sans tenir compte des patients en isolement ».
Aujourd’hui, il semble que le plus fort de la crise est passé. Mais face à l’augmentation des prix des poches de solution soluté, l’hôpital reste vigilant quant aux stocks qu’il doit garder à tout moment. En tout cas, l’association tient à saluer le travail du personnel : le médecin, les infirmiers, aides-soignants, femmes de ménage qui n’ont jamais relâché leurs efforts pendant toute la durée de la crise.
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