Des mutilations par brûlure, notamment de la main : cette pathologie est assez répandue en Mauritanie, en particulier les brûlures thermiques, caractérisées par « leur fréquence, leur gravité anatomique et fonctionnelle, leurs difficultés thérapeutiques et le jeune – voire très jeune – âge des victimes », détaille le Pr Chaise, missionné dans ce pays. « Avec pour conséquences des rétractions limitant les mouvements et, par là-même, les capacités fonctionnelles spatiales des membres lésés ».
Les trois étiologies (causes et facteurs) les plus fréquentes sont toutes évitables !
• Le port du voile mauritanien, fabriqué dans des substances hautement inflammables. Conséquence : à la moindre inflammation, la victime devient une véritable torche, les tissus adhérant à la peau en quelques secondes. Elle présente alors des lésions extensives pouvant menacer sa vie et dépassant largement ses seuls membres.
• L’utilisation de bouteilles de gaz mal sécurisées. L’explosion est parfois inévitable, surtout si une fuite de gaz se produit à proximité d’une flamme.
• L’utilisation de brasero ou « canouns » à même le sol pour cuisiner : un danger majeur pour les très jeunes enfants qui jouent à proximité et chutent régulièrement dans les braises les deux mains en avant. Les séquelles sont souvent gravissimes.
« La prise en charge immédiate est capitale et complexe. En cas de complications, déformations…, la chirurgie devient l’outil essentiel pour lutter contre les déficits fonctionnels, en utilisant divers procédés comme les greffes cutanées. Ces méthodes nécessitent des services dédiés à ces pathologies, tenus par des spécialistes plasticiens. La Mauritanie s’est dotée d’un service spécialisé, auquel l’Ordre de Malte France apporte une contribution depuis une vingtaine d’année, à la demande du ministère de la Santé mauritanien. Nous avons d’ailleurs un accord de coopération avec lui, ainsi qu’avec le ministère des Affaires étrangères et le CHU de Nouachkott, la capitale. Cette coopération est concrétisée par deux missions annuelles médico-chirurgicales, incluant aussi la prise en charge des mutilations de la lèpre. Je les assure seul, ou avec d’autres médecins Ordre de Malte France, en collaboration avec une équipe mauritanienne de Nouakchott. Nous sélectionnons des patients ayant de graves mutilations et assurons les interventions. Actuellement, pour des raisons de sécurité, les activités OMF se déroulent uniquement à Nouakchott, mais dans les années précédentes, des actions identiques ont été menées à Kaedi et Kiffa, dans le centre du pays. Conjointement aux actions chirurgicales, une formation est assurée directement, ainsi que par le biais des réseaux internet. Des dons de matériel faits par l’OMF permettent au service de Nouakchott d’être maintenant équipé correctement pour assurer ces interventions difficiles. Le suivi post-opératoire est assuré par les collègues mauritaniens et par moi-même, via internet. Globalement, cette coopération évolue de façon tout à fait satisfaisante et devrait permettre l’autonomie des Mauritaniens dans un avenir proche ! »
Comment agir avec nous ?