Au Nord du Congo, dans la région de la Likouala où les équipes de l’Ordre de Malte sont actives, les conditions sont très particulières. En effet, les populations autochtones du peuple Aka sont nomades et donc difficiles à cerner. C’est l’un des derniers groupes sur la planète de cueilleurs-chasseurs-pêcheurs.
Nous avons mené une première mission d’évaluation en 2017, dans le cadre d’un projet en partenariat avec l’Agence Française de Développement et soutenue par le Global Fund for Forgotten People. Si de nombreuses pathologies prévisibles étaient présentes chez les Aka (telle la tuberculose), nous avons constaté que la lèpre avait été oubliée. En collaboration avec l’hôpital des Pionniers installé à lmpfondo (chef lieu du département de la Likouala), nous avons mis en place un programme de chirurgie de reconstruction, de traitement des infirmités et des mutilations, tout en assurant aussi des formations envers le personnel médical.
C’est l’un de nos défis ! Nous avons établi une autre collaboration avec l’American Leprosy Missions qui dispose d’un petit centre pour les lépreux près d’lmpfondo, dont nous pouvons disposer pour les consultations, les soins gratuits ou la petite chirurgie. Nous avons également le soutien de la Fondation Française de l’Ordre de Malte pour développer ce projet au Congo, construire notre propre unité de soins et renforcer nos actions en Afrique.
La lèpre est une maladie dont les temps d’incubation peuvent durer jusqu’à vingt ans, du fait de la bactérie au métabolisme très lent qui la déclenche. Il s’agit donc de repérer au plus vite les signes de la maladie. Dans notre stratégie de détection avancée, dès qu’un malade est identifié, nous examinons systématiquement toutes les personnes à proximité.
Concernant la sensibilisation, tous les Aka, même les plus démunis, sont équipés au moins d’un petit poste de radio. J’ai donc commencé à utiliser ce média, avec le soutien des stations locales, pour diffuser des messages, traduits en langue aka. Nous expliquons ce qu’est la lèpre, en précisant qu’elle peut se traiter, que les médicaments sont disponibles et distribués gratuitement, que la détection est importante afin de ne plus être contaminant.
Il reste beaucoup à faire. Au Mozambique par exemple, l’un des pays les plus touchés, il n’existe aujourd’hui tout simplement aucun programme, c’est dramatique. En Europe, la lèpre paraît de l’histoire ancienne… Sauf qu’une douzaine de cas ont été détectés en France, en provenance sans doute du Soudan, de l’Éthiopie ou de la Somalie. Il faut rester en alerte. Les avancées de la recherche, dont la mise au point d’un vaccin en cours de validation, laissent malgré tout l’espoir d’éradiquer un jour cette terrible maladie.
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