Le 12 janvier 2010, la terre tremble à une vingtaine de kilomètres de Port-au-Prince. L’état d’urgence est déclaré et les secours affluent du monde entier pour assister les populations touchées. On dénombre 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,2 millions de sans-abri.
Deux ans après, la situation dans le pays – l’un des plus pauvres de l’hémisphère nord – est toujours complexe et revêt plusieurs aspects.
D’un côté, l’Ordre de Malte travaille pour sécuriser les conditions élémentaires de vie des personnes les plus démunies qui vivent toujours dans des camps et d’un autre côté, les pouvoirs publics locaux ont tendance à privilégier la reconstruction des quartiers les plus huppés qui sont souvent « suréquipés ».
Nos intervenants en Haïti (Malteser International, l’Organisation internationale de secours d’urgence de l’Ordre de Malte) disent faire face à une deuxième catastrophe dans la mesure où la misère de la population, dont les trois-quarts gagnent moins de deux dollars par jour, se développe. Dans de nombreux camps, la situation apparaît de plus en plus précaire après de très importantes périodes de pluies ; les sanitaires bouchés laissent les déjections humaines et animales envahir les tentes où vivent les personnes. Selon l’un de nos experts sur place, « beaucoup de personnes vivent encore dans ces camps parce qu’ils n’ont malheureusement pas d’autre alternative, mais aussi parce que les camps sont bien souvent les seuls endroits où ils peuvent être pris en charge pour un suivi sanitaire!«
Cette situation confirme que la reconstruction et le développement de ce pays est une action de long terme pour atteindre un niveau de réhabilitation acceptable.
Les interventions et réalisations de l’Ordre de Malte
Présent sur l’île avant le séisme, l’Ordre de Malte a apporté son secours immédiatement après la catastrophe de 2010. L’hôpital du Sacré-Cœur, situé à Milot dans le nord du pays et géré par l’Ordre, a été l’un des points vers lesquels les blessés ont pu être transportés dès que les secours se sont mis en œuvre le 14 janvier 2010. De même à l’hôpital François de Sales à Port-au-Prince où nos médecins ont pu commencer à prodiguer des soins.
Aujourd’hui, huit experts internationaux et 115 collaborateurs locaux de l’Ordre de Malte restent présents et engagés en permanence en Haïti. Au total, plus de 8 millions d’euros – provenant pour la plupart de dons privés – ont été mis à la disposition de Malteser International. L’association est partenaire agréé du gouvernement haïtien et intervient principalement dans trois zones :
A Port-au-Prince, où nous développons des actions importantes de lutte contre le choléra, de prévention, de dépistage et de soins dans 18 camps. L’objectif est de faire en sorte que les populations hébergées dans ces camps puissent rapidement retrouver leur ancien cadre de vie (quartier, maison, etc…). Dans ces sites, l’Ordre de Malte travaille à la reconstruction et à la réhabilitation des installations sanitaires.
Dans la région rurale de Darbonne, où l’Ordre de Malte gère un centre de soins qui devrait être confié en 2012 à un partenaire local. La situation à Darbonne est stabilisée; nous disposons de moyens convenables et de ressources financières suffisantes pour assurer les missions de santé ainsi que la capacité de fournir les populations en eau potable et structure de potabilisation.
A Belle Anse – qui reste l’une des régions les plus pauvres d’Haïti – après avoir donné des réponses d’urgence à l’importante épidémie de choléra, l’Ordre de Malte concentre ses efforts sur l’accès à l’eau potable et à l’eau utile à l’agriculture. Il assure aussi le suivi sanitaire et en produits alimentaires pour des familles en situation de pauvreté extrême.
L’Organisation internationale de Secours de l’Ordre de Malte a concentré ses actions autours de quatre domaines principaux :
Lutte contre le choléra et actions sanitaires
Très vite après le sinistre, on a relevé des cas de choléra en Haïti. Depuis octobre 2010, plus de 7000 personnes en sont mortes et 476 000 ont été infectées. La totalité de la population est considérée comme « à risque » notamment dans les régions de Darbonne, Petit Goâve et Port au Prince où le risque d’extension de l’épidémie ne peut être évacué en raison des conditions particulièrement précaires de vie des populations locales. L’ordre de Malte a donc développé plusieurs chantiers :
Par ailleurs, dans ses structures d’accueil et de soin l »Organisation Internationale de l’Ordre a assuré au cours des 11 premiers mois de 2011 :
Le renforcement de nos actions est devenu indispensable dans la mesure où beaucoup d’associations d’aide humanitaire ont abandonné les camps et qu’il n’y a pas d’organisations ou de structures capables de procéder aux travaux nécessaires de réparation de l’existant, depuis la réparation des tentes jusqu’aux actions de désengorgement des sanitaires bouchés !
La scolarisation des enfants
La scolarisation est un élément essentiel de la reconstruction d’Haïti, où l’on estime que plus de la moitié de la population ne sait pas lire ou écrire. L’Ordre de Malte a donc engagé rapidement des travaux pour la reconstruction des écoles de cette région, dont une dizaine d’établissements à Léogâne.
Les écoles existantes sont surchargées et dans la quasi-totalité des cas les populations les plus pauvres ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école. En relation avec des partenaires et les structures locales opérationnelles l’Ordre de Malte a mis en place des structures et des moyens d’accéder à cette nécessaire scolarisation.
L’Ordre de Malte dans ce domaine à mis en œuvre des actions particulières :
La reconstruction
Sur l’île, 70 à 80% de la population n’ont pas accès ni à l’eau, ni à l’électricité. L’Ordre de Malte a donc contribué à la construction de structures d’adduction d’eau, de latrines et de jardins privatifs pour la nourriture de base à Belle Anse. L’Ordre de Malte a également contribué à la construction d’un aqueduc de 11km en partenariat avec l’ONG haïtienne COTEDO.
On estime qu’à la suite du sinistre ce sont environ 8000 personnes qui ont émigré de Port au Prince vers cette région pauvre, aggravant sensiblement les problèmes liés à une infrastructure défaillante.
La prévention des risques et la formation
Enfin, l’Ordre de Malte développe des actions en vue de réduire les risques futurs liés à ce genre de sinistre. Nous développons par exemple une formation de la population d’Haïti pour faire face à de futurs sinistres éventuels et à leurs conséquences.
Crédits photos: Malteser International, Tobias Kann, Juergen Hoppe.
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