Le témoignage de Michel Germain, directeur du Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte à Dakar

Michel Germain est directeur du Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte (CHOM) situé à Dakar (Sénégal) depuis juillet 2019, après l’avoir déjà été de 2011 à 2013. Au quotidien, il œuvre pour aider les patients atteints de la lèpre.

Pourquoi êtes-vous engagé auprès des personnes atteintes de la lèpre ?

En tant que Directeur du CHOM de Dakar, j’ai la responsabilité de gérer 37 lits d’hospitalisation dont 17 dédiés aux patients atteints de la lèpre. En liaison étroite avec l’aspect médical, remarquablement géré par le Dr Lahla, notre léprologue, il y a une dimension humaine et sociale toute aussi importante à prendre en compte et cela incombe au Directeur.

Nous avons affaire à des patients doublement exclus à la fois du fait de leur maladie (que tout le monde redoute mais que personne ne connaît…) et aussi de leur éloignement de toute vie sociale. Les lépreux sont les parias des pays émergents ; cela, de par mon engagement personnel et mon appartenance à l’Ordre de Malte, je veux le combattre dans toute la mesure de mes moyens.

Que constatez-vous au quotidien dans l’exercice de votre fonction ?

Nos patients, dont l’hospitalisation peut durer de deux à trois semaines jusqu’à trois mois, vivent au Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte une période de quiétude, principalement parce que leurs soins médicaux sont assurés par du personnel médical particulièrement compétent et qu’il s’en suit, dès leur hospitalisation, une décroissance rapide de leur douleur. Et aussi, parce qu’ils ont le sentiment d’être considérés comme des patients « normaux ». Je suis très touché par la sollicitude et la bienveillance de nos infirmiers et infirmières que je le constate tous les jours lors de ma visite quotidienne auprès de tous les malades du CHOM.

Quel(s) message(s) souhaiteriez-vous transmettre aux bénévoles qui vont quêter partout en France lors de la prochaine Journée Mondiale des Lépreux ? Et aux donateurs ?

Le premier message est un appel aux donateurs, dont la générosité renouvelée se confirme annuellement. Après avoir dirigé le Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte pendant deux ans de 2011 à 2013, j’ai occupé la fonction de Délégué Départemental des Pyrénées-Atlantiques pendant cinq ans et, à ce titre, j’ai organisé les Journées mondiales des Lépreux dans mon département. Je peux vous assurer que les français sont généreux… à condition de les solliciter avec bienveillance et de leur expliquer le pourquoi de ces Journées mondiales des Lépreux. Donc, chers quêteurs, n’hésitez pas : « mouillez vos chemises » et si quelques fois, vous essuyez des refus, recommencez encore et encore. De votre résolution, de votre chaleur ardente et rayonnante, dépend le succès des quêtes.

Le second message concerne nos amis « nos seigneurs les lépreux ». Ils ont avant tout besoin de retrouver la joie et la fierté de vivre qui leur permettront d’oublier leur maladie tellement stigmatisante. Ils ont besoin d’une ré-inclusion sociale sur tous les plans : les gouvernements de tous les pays où sévit la lèpre doivent prendre la résolution de considérer les patients atteints de la lèpre comme une de leurs priorités. Cette tâche ne doit pas être exclusivement dévolue à des institutions comme l’Ordre de Malte ou des ONG mais aussi aux Etats. Je terminerai en citant Sainte Térésa qui a beaucoup œuvré pour la réhabilitation des lépreux : ce que cette Sainte magnifique a fait, toute seule, est le plus merveilleux exemple d’espérance pour les lépreux.