Le témoignage de René Badji, cordonnier au Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte à Dakar

René Badji est cordonnier-orthopédiste au Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte (CHOM) situé à Dakar (Sénégal) depuis 16 ans. Au quotidien, il réalise des chaussures adaptées ou des prothèses pour redonner de la mobilité aux personnes atteintes de la lèpre.

Pourquoi êtes-vous engagé auprès des personnes atteintes de la lèpre ?

Au départ, c’était un simple emploi de cordonnier que je cherchais. Mais une fois embauché, après avoir découvert de quoi il s’agissait vraiment, je me suis engagé avec beaucoup de foi et à fond. C’est un grand investissement à faire pour mener ce combat, particulièrement flou, dont on ne peut prévoir l’issue. En voyant ces personnes qui « s’autodétruisent », qui n’ont pas les moyens de recevoir les soins adéquates et qui sont trop souvent marginalisées, abandonnées à leur propre sort, je me dis qu’il y a vraiment lieu de faire quelque chose. Il est nécessaire d’apporter notre soutien pour soulager, d’une manière ou d’une autre, leur souffrance et leur permettre de vivre dans de meilleures conditions.

Pour que cette maladie soit vraiment éradiquée, il nous faut tous lutter encore, aller de l’avant, en s’armant de courage, sans relâche. Je suis là depuis 2003 et je passe des heures et des heures pour servir cette cause louable et noble, sans me décourager.

Que constatez-vous au quotidien dans l’exercice de votre métier de cordonnier ?

Je constate qu’il y a beaucoup de guérisons, de liens qui naissent, de relations charitables, de paix et de bonheur dans le corps, leur foyer et leur entourage et aussi beaucoup d’envie de vivre. En quelques mots : la joie de vivre encore.

Quel(s) message(s) souhaiteriez-vous transmettre aux bénévoles qui vont quêter partout en France lors de la prochaine Journée Mondiale des Lépreux ? Et aux donateurs ?

Je dirai à tous, bénévoles et donateurs : vous êtes la source, la racine principale, le poumon fort qui active tout un système d’évolution vers la fin d’un combat que nous menons tous. Depuis nos aïeux, qui ont commencé ce combat et nous ont précédés dans l’au-delà. Vous êtes généreux, magnanimes. Honneur à vous tous.