Enfants, mères de familles, étudiants, grands-parents… Depuis le 24 février, ils sont 16 millions d’Ukrainiens à s’être déplacés ou à avoir fui leur pays pour survivre. Kateryna vivait à Marioupol avant le drame. Témoin de l’horreur, elle se fait désormais la voix des victimes de la guerre.
« Personne ne peut imaginer ce que c’est que de vivre la guerre à moins de l’avoir soi-même vécue ». C’est avec ces mots que Kateryna décrit ce que ses compatriotes et elle-même traversent depuis plus de trois mois maintenant. Avant le conflit, Kateryna vivait à Marioupol (au sud de l’Ukraine), avec sa fille de 17 ans. Là-bas, elle travaillait pour Malteser International, l’agence de coordination internationale de l’Ordre souverain de Malte, présente depuis 30 ans en Ukraine.
Fin février, tout a basculé. À 44 ans, Kateryna est brutalement passée d’un quotidien ordinaire à l’obsession de la survie en temps de guerre. Face à la situation, cette femme d’un grand courage n’a pas baissé les bras. Dans les semaines qui ont suivi le début du drame, elle s’est donnée pour mission de se faire l’ambassadrice de ceux que la guerre touche. « Les gens doivent savoir ce qui se passe à Marioupol, par la voix de ceux qui étaient sur place », dit-elle.
À partir du moment où il n’était plus possible d’accéder aux locaux de Malteser International, Kateryna s’est tout de suite mobilisée pour les plus fragiles. Dans son métier, elle s’occupait au quotidien d’enfants en situation de handicap, d’orphelins et de jeunes démunis. Quand la guerre éclate, elle met d’abord ses compétences au service des blessés qu’elle emmène à l’hôpital. Mais au fil des semaines, accéder à l’hôpital devient trop périlleux.
Retrouvez ici l’histoire de Kateryna en intégralité (en anglais).
Les scènes d’horreur auxquelles elle assiste lui permettent de rassembler toutes ses forces pour continuer à aider ceux qui en ont le plus besoin. Elle réussit ainsi à emmener une femme sur le point d’accoucher de jumeaux, mais faute d’un nombre suffisant de couveuses, un seul des deux bébés peut survivre, exposent les médecins. Depuis, elle ne sait pas ce qu’est devenue cette femme et les enfants qu’elle avait laissés chez elle pour partir à l’hôpital. Des scènes de ce genre, Kateryna en a malheureusement beaucoup à l’esprit maintenant. « Les films, les documentaires ne montrent qu’une fraction de ce qui se passe en réalité », souligne-t-elle dans le témoignage qu’elle nous livre.
Plus de 3 trois après le début du drame, en Ukraine, dans les pays limitrophes et ailleurs en Europe, la mobilisation de l’Ordre de Malte en faveur des réfugiés ukrainiens se poursuit. Distribution de nourriture, assistance médicale, soutien psychologique… notre organisation ne relâche aucun effort pour répondre aux besoins de toutes ces personnes qui ont tout laissé derrière elles. Et bien qu’elles soient aujourd’hui des milliers à retourner dans leur pays, la guerre n’est pas terminée.
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