En 2020, 9,3 millions de Français vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire, soit 14,6% de la population. Les chômeurs, les familles monoparentales et les jeunes sont les plus exposés à des situations de grande pauvreté.
Face à l’urgence, l’Ordre de Malte se mobilise dans tout le pays pour apporter son soutien aux plus démunis et lutter contre la pauvreté : maraudes sociales, distribution de petits-déjeuners, soupes et repas chauds, soins médicaux pour les plus fragiles, hébergement d’urgence et de réinsertion sociale, accueil de jour, etc.
Le seuil de pauvreté correspond au revenu minimal en dessous duquel une personne est considérée comme pauvre. Dans les pays européens, le seuil de pauvreté est fixé à 60% du niveau de vie médian. En France, l’Insee utilise donc le seuil de 60% mais publie aussi des taux de pauvreté selon d’autres seuils (40%, 50% ou 70%). Cet indicateur classe donc la population en deux catégories : l’une qui gagne moins et l’autre qui gagne davantage. Ce calcul du niveau de vie médian se base sur les revenus après impôts directs et prestations sociales.
En 2021, le seuil de pauvreté (pour un seuil à 60%) correspond à un revenu net inférieur à 1063 € par mois ou 34 € par jour (seuil de pauvreté journalier).
Pour déterminer le seuil de pauvreté d’une famille, il faut tenir compte du nombre de personnes vivant dans le logement. L’Insee applique un système de parts avec :
Ainsi, le seuil de pauvreté pour une famille avec deux parents et deux enfants âgés de moins de 14 ans se situe aux alentours de 2 232 €. Par ailleurs, en France, 2,2 millions de personnes vivent avec moins de 708 euros par mois, ce qui représente 40% du revenu médian. On parle alors de grande pauvreté. L’Observatoire des inégalités qualifie cette partie de la population française comme étant “en état de misère”.
En France, 14,6% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté en 2020. Ce chiffre est stable par rapport à 2019. D’après l’Insee, les dispositifs de soutien déployés depuis le début de la crise sanitaire ont joué un rôle de bouclier et permis d’éviter l’explosion du taux de pauvreté en France : “les mesures mises en place pour lutter contre les effets de la crise sanitaire, et particulièrement les aides exceptionnelles aux ménages à bas revenus, contribueraient fortement à diminuer les inégalités de revenus et la pauvreté monétaire en 2020.”
Cependant, à lui seul, le seuil de pauvreté ne suffit pas à éclairer toutes les situations de pauvreté. En effet, certaines populations ne sont pas ou peu prises en compte par cet indicateur. Son champ d’étude est en effet limité à ce qu’on appelle les ménages “ordinaires”, ce qui exclut les personnes qui vivent en communautés (résidences étudiantes, maisons de retraite, casernes, prisons, etc.) et les personnes sans domicile. Le seuil de pauvreté ne couvre pas non plus les départements d’outre-mer. De même, une partie des étudiants, pour lesquels les revenus n’ont pas toujours à être déclarés à l’administration fiscale, ne sont pas intégrés au calcul du taux de pauvreté.
L’Ordre de Malte France a pu constater dans le cadre de nos actions de soutien aux plus démunis la dégradation de la situation des étudiants depuis le début de la crise sanitaire. De nombreux étudiants ont basculé dans la pauvreté et ne mangent pas à leur faim. C’est la raison pour laquelle nous déployons un projet de Food Trucks solidaires aux abords des campus, afin de leur fournir une aide alimentaire.
Afin de mieux rendre compte des inégalités en France, l’Insee complète le seuil de pauvreté par d’autres indicateurs non monétaires reposant sur les conditions de vie, les privations matérielles et sociales ou sur les difficultés ressenties par exemple. Une étude de suivi de l’aide alimentaire de l’Insee a ainsi traduit une augmentation de plus de 10% du volume des denrées alimentaires distribuées par les associations en 2020.
Par ailleurs, le statut professionnel, la composition familiale et l’âge influent fortement sur le taux de pauvreté. Certaines catégories de population sont donc plus touchées par des situations de grande précarité.
Ainsi, selon les chiffres de l’Insee pour 2019, la part de chômeurs en situation de pauvreté monétaire est près de cinq fois supérieure à celle des actifs qui ont un emploi (38,9 % contre 8,1 %). De même, le taux de pauvreté des travailleurs indépendants est nettement supérieur à celui des salariés (17,6% contre 6,8 %). Les familles monoparentales sont également plus touchées par la pauvreté : 32,8% sont pauvres, contre 7,2% pour les couples sans enfant, et 8,9% pour les couples avec un ou deux enfants.
Les minima sociaux visent à assurer un revenu minimal à une personne (ou à sa famille) en situation de précarité. Le revenu de solidarité active (RSA), l’allocation aux adultes handicapés (AAH), l’allocation spécifique de solidarité (ASS) et l’allocation spécifique aux personnes âgées (Aspa) sont les principaux minima sociaux en France. Plus de quatre millions de personnes en bénéficient.
Minima sociaux mais aussi allocations logements, prestations familiales, RSA, etc. : l’ensemble des prestations sociales représentent 41% du revenu moyen des personnes vivant sous le seuil de pauvreté. La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress) relevait ainsi en 2018 que les prestations sociales et les impôts directs avaient réduit de 7,5 points le taux de pauvreté : 14,8% de la population métropolitaine était ainsi considérée comme pauvre, contre 22,3% si cette redistribution n’existait pas
En 2018, le seuil de pauvreté moyen en Europe était de 16,8% (pour un seuil à 60% du niveau de vie médian). Mais des disparités peuvent être observées selon les pays. En complément du seuil de précarité, différents indicateurs, comme l’indice de privation matérielle et sociale, permettent de mieux illustrer les inégalités entre les différents pays européens.
Le taux de pauvreté étant calculé en fonction du niveau de vie de chaque pays, de fortes disparités apparaissent d’un pays à l’autre. Ainsi, le revenu médian français est cinq fois supérieur à celui de la Roumanie et inférieur de 25 % à celui du Luxembourg. A revenus égaux, une personne vivant en dessous du seuil de pauvreté en France fera ainsi partie de la part de la population disposant de revenus considérés comme importants en Roumanie. C’est pourquoi l’Insee, à l’image de son équivalent européen Eurostat, combine cet outil statistique avec d’autres indicateurs, dont l’échelle de privation matérielle et sociale pour mesurer la pauvreté et mieux refléter la situation sociale des populations.
En 2019, 91,4 millions de personnes, soit 20,9 % de la population de l’Union européenne, étaient exposées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Le pays le plus touché était la Bulgarie (32,8% de risque), suivi de la Grèce et la Roumanie, où au moins 30% de la population est exposée. A l’autre extrémité de l’échelle, moins d’une personne sur six était exposée au risque de pauvreté et d’exclusion sociale aux Pays-Bas, en Slovaquie, au Danemark, en Finlande, en Slovénie et en Tchéquie. La France se positionne, elle, au milieu du tableau à la 12e position, avec un risque évalué à 17,9%.
Cette estimation du risque de pauvreté et d’exclusion sociale est notamment alimentée par le calcul du taux de privation matérielle et sociale. Celui-ci s’appuie sur un questionnaire qui regroupe treize conditions de vie souhaitables ou nécessaires pour un niveau de vie acceptable. Si une personne ne parvient pas à couvrir ses dépenses sur cinq éléments de la vie courante, alors c’est un indicateur de précarité. Ces conditions de vie incluent notamment le fait de ne pas pouvoir faire un repas avec des protéines tous les deux jours, acheter des vêtements neufs ou maintenir son logement à bonne température.
Ainsi, en Roumanie, plus de la moitié de la population est dans l’incapacité de s’offrir une semaine de vacances par an loin de son domicile, contre seulement une sur dix en Suède ou au Luxembourg. De même, en Croatie, une personne sur deux ne parvient pas à faire face à des dépenses imprévues, contre seulement 15% des Maltais.
Face à la recrudescence de la pauvreté en France et dans le monde, l’Ordre de Malte agit au quotidien pour offrir un soutien aux populations en grande détresse sociale et financière. Votre soutien est essentiel pour nous permettre de poursuivre notre action auprès des plus démunis. Pour nous aider, vous pouvez faire un don ou vous engager comme bénévole à nos côtés.
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