Dans le cadre de la Journée mondiale des Aides-Soignants*, le 26 novembre, coup de projecteur sur les personnes qui exercent ce métier au sein d’établissements médico-sociaux et sanitaires gérés par l’Ordre de Malte France.
Ce métier, indispensable au bon fonctionnement d’une structure et au bien-être des résidents, souffre encore trop souvent d’un manque de reconnaissance. Témoignages croisés.
Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
Muriel : Ce qui me motive, c’est de travailler au quotidien avec les enfants, la polyvalence du travail ainsi que le travail d’équipe. Le métier d’aide-soignante consiste à participer à une prise en charge globale des patients : de l’accompagnement dans les gestes de la vie quotidienne, de l’aspect purement lié au bien-être de nos patients…
Chloé : C’est un métier que j’exerce par conviction, pour participer à l’entraide, au partage, pour être utile à la vie des personnes en difficulté. C’est une vocation.
A quoi ressemble votre journée-type ?
M. : Nous sommes là pour réveiller les enfants, faire les soins d’hygiène adaptés en fonction du degré d’autonomie de l’enfant, suivant son âge, sa pathologie… on est là pour les repas, et la journée s’organise autour de diverses activités et de séances d’éducation thérapeutique pendant lesquelles nous accompagnons les parents dans l’apprentissage de soins liés aux pathologies de leur enfants (c’est très important, notamment pour les parents d’enfants qui souffrent de séquelles de brûlures). Tout ça, plus la vie d’un groupe de 20 enfants !
C. : Dans le bâtiment où je travaille (un habitat dit « passerelle » qui accueille des résidents avec une capacité d’autonomie avancée), j’arrive vers 9h30. Les résidents sont déjà prêts à ce moment-là, ils ont pris leur petit-déjeuner… Ils sont assez autonomes. À 10h30, on démarre les activités. Jusque-là, du fait de la crise sanitaire, nous faisions plus d’activités en extérieur. En temps normal, on les accompagne faire leurs courses, faire du sport, à la médiathèque, etc. On prend les transports en commun avec eux…
Selon vous, pourquoi est-il nécessaire de dédier une journée au métier d’aide-soignant ? M. : Ici, à Roquetaillade, on ne souffre pas des mêmes choses qu’ailleurs. À l’hôpital, les aides-soignants sont souvent sous-estimés, mis de côté. Des consœurs me racontent qu’elles se sentent oubliées. Ce n’est pas le cas ici, car on est valorisé. Les gens se tournent vers nous. On se sent reconnu.
C. : Les gens ne connaissent pas vraiment ce métier. Souvent, on associe aide-soignant à gériatrie, mais ça peut être très varié. Il y a beaucoup de différences entre le milieu hospitalier et un foyer d’accueil médicalisé. Ici, on ne fait pas de soin technique, mais plus de l’éducatif. Comme tous les métiers du médico-social, c’est un métier utile au bon fonctionnement de la société et il faut bien que des personnes exercent ces métiers.
Comment vivez-vous votre métier dans la crise du Covid-19 ?
M. : On s’adapte. Ce n’est pas inintéressant. Il faut être créatif et organisé. Il faut d’entraider. Toute l’équipe est mobilisée. C’est plus compliqué de s’occuper des enfants qui sont confinés, par exemple pour la distribution des repas. Cela ne se fait plus dans le réfectoire, mais dans les chambres. Mais on y arrive. D’un autre côté, ça a développé des compétences. Je nous félicite de l’organisation que nous avons mise en place !
C. : Au niveau du travail éducatif, cela bloque un peu les choses. Les résident sont un peu frustrés. Pour eux, le Covid, c’est abstrait. Et on ne sait pas quand cela va s’arrêter. Les résidents se sentent bien quand ils évoluent au quotidien de manière ritualisée. Alors, on leur apprend qu’il peut y avoir des imprévus. L’attente est compliquée. Les résidents qui occupent l’habitat dans lequel je travaille aujourd’hui l’ont intégré en février. Et le premier confinement est très vite arrivé ensuite ! En août et septembre, on a recommencé les sorties et puis, on a de nouveau été bloqués. Donc, on doit se réadapter.
Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
M. : Les spectacles de Noël. C’est génial de s’investir dans un spectacle avec les enfants. Même si cette année, c’est différent, nous ferons la fête quand même et les enfants s’adapteront. Ils ont une capacité à s’adapter, que nous, les adultes, n’avons pas.
C : Quand on voit que nos résidents sont contents parce qu’ils ont réussi quelque chose que l’on est en train de leur apprendre… quand on a un merci pour avoir emmené un résident quelque part, car il n’aurait pas pu y aller seul… ou alors juste de redonner le sourire, ça c’est essentiel.
Les mots qui résument votre métier ?
M. : Bienveillance et patience.
C. : Patience, empathie et écoute.
Que souhaitez-vous dire pour clore cet entretien ?
M. : Je n’ai pas envie d’aller travailler ailleurs qu’à Roquetaillade. Ce métier, c’est ici que je le fais, à cet endroit, avec les enfants, dans cet état d’esprit, avec cette autonomie.
C. : J’ai une pensée pour les aides-soignants en général. Je pense à d’anciennes collègues qui travaillent à l’hôpital. Pendant le premier confinement, il y avait des applaudissements tous les soirs. Maintenant, on n’en parle plus, alors que le personnel soignant a encore besoin de beaucoup de soutien.
*Initiée en 2010 par la profession elle-même, la Journée internationale des aides-soignants a pour objectif de rappeler les conditions souvent difficiles dans lesquelles ce métier est exercé, ce qui se fait ressentir sur les bien-être des patients et la qualité des soins prodigués.
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