Sanitaire -Médico-social - Publié le 28/05/2018 Lecture 4 min

La découverte du mois : la technique de l’hypno-analgésie à Roquetaillade

En 2016, avec le soutien financier de la Fondation APICIL, l’équipe soignante du CPMPR de Roquetaillade a été formée à l’hypno-analgésie, une technique de réduction de la douleur par hypnose médicale, particulièrement adaptée aux enfants. Elle permet de mieux gérer la douleur et l’anxiété, au quotidien comme lors de gestes techniques potentiellement douloureux, et renforce l’adhésion aux soins. Stéphane, kiné au centre Saint Jacques depuis 7 ans, et Camille, aide médico-psychologique depuis 16 ans à la Maison d’Accueil Spécialisée Saint-Jacques, tous deux formés à l’hypnose, nous en disent plus.

Qu’apporte l’hypno-analgésie dans les traitements pour les enfants ?
StéphaneC’est un véritable plus pour un soin douloureux répétitif, qu’il soit infirmier ou autre… Cette technique permet de prendre du recul par rapport à l’angoisse et à la douleur, qui ne doivent par ailleurs pas être reniées : au contraire, il faut les prendre en compte mais essayer de passer au-delà et de s’en détacher ! L’idée est de supprimer tout l’esprit rationnel pour laisser place à l’esprit créatif qui, lui, s’émancipe des souffrances corporelles. On atténue ainsi la perception de la douleur et donc, on la soulage en partie.

Concrètement, comment se déroule une séance ?
Stéphane : L’hypnose se fait uniquement par la parole. Le mieux, c’est d’être deux : une personne qui parle à l’enfant et une qui soigne. Le jeune patient reste éveillé, conscient, mais il est concentré sur ce qui lui est dit et en oublie le soin. Pour cela, il faut faire le lien avec autre chose pour rendre anodin ce qui ne l’est pas au départ. On rattache les soins à une histoire pour emmener l’enfant ailleurs. Ce qu’il ressent physiquement fait alors partie de l’histoire, ce qui permet d’atténuer la douleur et même de l’occulter. Par exemple, on peut évoquer la sensation de la vague qui arrive sur nous, au moment où l’on fait couler de l’eau sur une plaie, ou celle du sable sur la peau s’il y a une sensation de picotement au moment d’un pansement…

Cette technique facilite donc le travail du soignant ?
Stéphane : Oui, vraiment ! Grâce à l’hypno-analgésie, nous abordons nous aussi les soins de façon plus sereine, ce qui influe naturellement sur notre façon d’être et donc sur l’enfant. Nous pouvons être « en osmose » avec le patient, ce qui n’empêche évidemment pas l’emploi éventuel de moyens antalgiques en plus. Attention, l’hypnose n’est pas non plus magique, elle suppose une certaine capacité de lâcher prise. C’est pour cette raison qu’elle fonctionne mieux avec des enfants.

Et avec des adultes ?
Camille : En dehors des soins douloureux, l’hypno-analgésie peut être pratiquée simplement pour le bien être d’une personne, pour la détendre. C’est une technique de relaxation. La personne – forcément volontaire, sinon c’est voué à l’échec – doit rentrer en elle-même pour dépasser ses propres barrières. Je suis là pour l’aider à franchir ce cap !

Comment faites-vous ?
Camille : Je demande à mon patient de compter de 100 à l’infini de 5 en 5 ou de me citer les noms des présidents de la République. Le cerveau est saturé d’informations, il pense alors à autre chose. Autre exemple avec l’une des résidents qui voudrait repartir dans son pays, la Guyane. Je commence par la saturer de ressentis visuels, auditifs… qui lui rappellent le lieu. Elle ferme ensuite les yeux et je lui demande de visualiser les différentes étapes : la préparation des bagages, le départ en avion, etc.

N’y a-t-il pas un risque de déconnection avec la réalité ?
Camille : Non, il n’y a pas de perte de pied avec la réalité. Certes, la phase de retour est très importante. Peu à peu, je fais reprendre à ma voix un niveau sonore normal pour dire à la personne : « vous allez revenir entière, rassemblée, dans le monde réel ». Ce retour ne pose pas de problème !

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