En ce 3 décembre, à l’occasion de la Journée mondiale des personnes en situation de handicap, l’Ordre de Malte France met en lumière l’un des ateliers phares de la Maison d’Accueil Spécialisé (MAS) Saint-Jean de Malte à Paris : la gravure. Une activité manuelle qui exige concentration, délicatesse et patience. Reportage.
« Quand une personne n’a pas beaucoup de force, ça part tout seul, c’est facile », explique Florence, l’animatrice de l’atelier gravure à la MAS depuis 2008. Cette activité manuelle consiste à pratiquer différentes techniques qui passent par l’incision ou le creusement pour produire une image, un texte ou toute autre inscription dans la matière (cuivre, zinc…).
La gravure peut tout à fait être pratiquée par des personnes en situation de handicap, avec l’aide de quelqu’un et avec certains aménagements adaptés. En effet, même sans avoir le même usage de leurs mains que des personnes valides, elles peuvent s’inspirer, créer, et ainsi se dépasser.
Pour les personnes en situation de handicap, l’accès à des activités comme celles-ci est essentiel. En effet, elles permettent, le temps d’un atelier, d’oublier un quotidien où leurs conditions physiques se rappellent sans cesse à elles.
Axelle vit à la MAS depuis plus de 20 ans. Elle est l’une des -si ce ne n’est la- résidente(s) la plus assidue. À l’heure pile, on la voit arriver sur son fauteuil électrique, calme et sereine. « J’ai commencé la gravure en 2007 à l’époque où des résidents de l’établissement se rendaient au Musée Carnavalet, puis au Petit Palais », raconte-t-elle. « Ensuite, j’ai voulu que la gravure entre à la MAS », poursuit-elle, en prenant le temps de positionner son fauteuil derrière une table, dont la hauteur a été étudiée spécialement pour elle.
Concentrée, les mains serrées, elle se plonge dans une gravure qu’elle a presque terminée. « J’ai du mal au niveau des mains », commente-t-elle en même temps. Tout passe par le mouvement de ses épaules. « Parfois, je dépasse un peu, en faisant un petit mouvement brusque (…) C’est un travail minutieux », explique-t-elle très posément.
Grâce à l’intervention chirurgicale qu’elle a subie il y a quelques années, entre le pouce et l’index, Axelle maîtrise mieux ses gestes. « Il y a 20 ans, je n’aurais jamais pu faire de la gravure ». Au fil du temps, la gravure a pris une place très importante dans la vie d’Axelle : « C’est une vraie passion, ça me vide l’esprit », dit-elle. « Et quand il n’y a pas d’atelier, j’en fais dans ma chambre où un espace spécial a été aménagé pour ».
Les ateliers sont ouverts à deux participants à chaque fois. En effet, il faut de la place pour les fauteuils et Florence doit être là à 100% pour aider ses « élèves ». Un peu après Axelle, Isabelle fait son entrée. Très heureuse de participer à cet atelier, elle ne veut pas perdre une minute : « Ça m’apporte beaucoup de joie. Ça me permet de m’oublier », nous dit-elle tout sourire. « J’ai une pathologie orpheline qui me cause des douleurs au dos, à la nuque, aux cervicales sur tout le côté gauche. »
À la fin de l’atelier, Florence demande à Isabelle de signer les gravures dont elle est l’auteure. « Ça fera mes cadeaux de Noël », nous confie-t-elle. « Je ne pourrais pas rester des heures et des heures à faire de la gravure. Mais je suis heureuse quand j’en fais » poursuit-elle.
Pour faire vivre tous ses travaux qu’elle garde scrupuleusement depuis le début, Axelle pense à ouvrir un compte Instagram dédié. Et chaque année, Axelle, Isabelle et d’autres résidents prennent part aux gravures qui sont envoyées à l’association pour les vœux. De belles illustrations qui montrent que même en étant coincé dans un fauteuil, on peut se transformer en artiste. Un vrai message d’espoir.
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