Accueillir des hommes que la vie n’a pas épargnés : c’est ainsi que se définit la mission du Fleuron Saint-Jean. Situé dans le 15e arrondissement de Paris, le Fleuron est géré par notre association depuis 1999. Il est l’une des deux péniches, avec le Fleuron Saint-Michel (situé à Asnières dans les Hauts-de-Seine), où l’association reçoit des hommes aux parcours difficiles. Français, migrants, sans papiers… ici, tous les profils se croisent. Reportage sur une péniche pas comme les autres.
Fin octobre. La nuit tombe sur les quais de Seine. Nous approchons d’une péniche éclairée en contre-bas du Quai André-Citroën. Des hommes reviennent de leur journée, un par un, et donnent leur nom à l’entrée. Ici, nous ne sommes ni dans un restaurant, ni sur un bateau-mouche, mais sur une péniche qui accueille des hommes principalement envoyés par le Samu social.
« Avant le Covid, les passagers étaient reçus uniquement de 18h30 à 8h du matin », nous explique Luc, bénévole de la péniche depuis 2012. Mais aujourd’hui, le Fleuron les accueille 24h/24, 7 jours/7. Actuellement, un peu plus d’une trentaine de passagers sont hébergés ici. Une dizaine d’entre eux restent sur le bateau la journée et déjeunent sur place. « Mais bientôt, ils seront au total 40 [à séjourner ici], et un jour, on reviendra à 50 passagers, comme avant le Covid », poursuit Luc.
Il y a plus de 20 ans, la péniche a été convertie en un lieu d’accueil. Strictement réservé aux hommes majeurs et en situation de grande précarité, le Fleuron Saint-Jean est à la fois un hébergement temporaire et il permet à ses passagers de bénéficier d’une orientation dans leurs démarches de reconstruction.
« Luc m’a même emmené plusieurs fois à l’hôpital, à cause de mes problèmes de santé », nous confie Zoran, hébergé ici depuis plusieurs mois. Avant d’arriver en France, il travaillait dans le bâtiment. Mais un accident de vie est survenu. Il s’est séparé de sa femme, a connu de nombreuses galères et est arrivé en France.
« Les bénévoles sont présents de 18h30 à 22h, tous les jours, en équipe avec les travailleurs sociaux », précise Luc. « Nous recevons les passagers, nous préparons la table pour le dîner, nous leur servons à manger, et après le repas, nous proposons souvent des jeux, nous discutons, etc. »
Pour assurer la mission de délégation de service public à laquelle répond le Fleuron, une dizaine de salariés de l’Ordre de Malte France et entre 20 et 40 bénévoles se relaient sur la péniche. Les travailleurs sociaux assurent un temps d’écoute mais aussi un diagnostic social, une orientation vers les services concernés et un accompagnement social des passagers déjà en lien avec des travailleurs sociaux extérieurs.
La nuit, deux agents d’accueil travaillent en binôme ici. Ils accueillent les passagers et veillent à la sécurité des personnes et des biens à bord. « La journée, les passagers font leurs démarches, vont à leurs rendez-vous… », nous explique Thomas, l’un des salariés. « Ce qu’ils viennent chercher ici, le soir et la nuit, c’est la sécurité physique ».
Parmi les passagers rencontrés, Zoran et Georges ont décrit, chacun avec leurs mots, la bienveillance qui caractérise l’accompagnement offert par les équipes du Fleuron. « Leur gentillesse m’aide et me donne du courage », nous explique Zoran, originaire d’ex-Yougoslavie. « Luc et Thomas m’ont donné la main et ils ne m’ont pas lâché. Ils sont comme ma famille ». « Je n’ai manqué de rien ici », dit Georges, Ivoirien, passé par de nombreuses étapes avant d’arriver à Paris. « Ils m’ont chaleureusement accueilli ».
S’il fallait des mots pour résumer le charisme de Malte, ici, tout est dit.
Comment agir avec nous ?