Solidarité - Publié le 30/03/2018 Lecture 10 min

#HiverÀLaRue : fin de trêve pour les personnes sans abri

Comme chaque année, le 31 mars marque la fin de la trêve hivernale initiée le 1er novembre et rime avec un retour à la rue pour de nombreuses personnes sans abri.
Face à cette situation, l’Ordre de Malte France maintient une partie de ses actions de proximité et s’investit plus que jamais auprès des plus démunis, notamment à travers l’opération « P’tits déj’ en Carême » qui s’achève ce même jour.

Le nécessaire maintien d’une capacité d’hébergement digne

Malgré les 13 000 places d’hébergement d’urgence supplémentaires créées cet hiver en France en sus des 103 000 financées à l’année, la capacité d’accueil reste globalement insuffisante au regard du nombre réel de personnes à la rue.
Dans un communiqué du 19 mars dernier, la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS) Île-de-France, dont nous faisons partie, craint les « conséquences sociales et sanitaires désastreuses » d’une remise à la rue des personnes ayant bénéficié cet hiver des dispositifs d’hébergement d’urgence « Hiver » et « Grand Froid » : souvent, ce sont des publics particulièrement fragiles comme des personnes isolées ou des familles.
Un plan Grand Froid qui, cet hiver, a été déclenché trois fois : le 1er décembre, puis le 7 février pendant une quinzaine de jours, et enfin le 16 mars dernier durant une semaine, engendrant la mise à disposition de places dédiées et le renforcement des tournées de maraude pour plusieurs de nos équipes bénévoles.
Une gestion de l’hébergement «  au thermomètre » selon la FAS, qui « met à mal les parcours d’insertion initiés durant la période d’hébergement » et qui ne respecte pas le « principe de continuité de l’hébergement […] qui prévoit qu’à toute personne mise à l’abri temporairement, il soit proposé une orientation vers une solution de logement ou d’hébergement adaptée. »

« UN RETOUR EN ARRIÈRE EN MATIÈRE D’ACCUEIL
ET D’ACCOMPAGNEMENT DES PERSONNES LES PLUS DÉMUNIES »

FAS Île-de-France – Communiqué du 19 mars 2018

Ce 31 mars donc, rien qu’en région Île-de-France, 6 848 hommes, femmes, enfants, familles, sont menacés d’une remise à la rue.

À Paris, notre Centre d’hébergement d’urgence (CHU) le Fleuron Saint-Jean et notre Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) le Fleuron Saint-Michel poursuivront leur mission d’accueil et d’accompagnement d’environ 80 hommes au total : dans le cadre du dispositif 115 du Samu Social pour le premier, en partenariat avec les Services Intégrés d’Accueil et d’Orientation (SIAO) pour le second.

Nuit de la Solidarité : notre engagement à Paris

Mieux connaître les besoins afin d’adapter les moyens d’actions : nous nous inscrivions pleinement dans cette vision portée par la Ville de Paris et ayant abouti sur une grande opération de décompte des personnes en situation de rue dans la capitale, dans la nuit du 15 au 16 février. Un questionnaire était également proposé aux personnes rencontrées, dans un objectif plus qualitatif.
Ainsi, plusieurs de nos salariés et bénévoles ont participé à cette « Nuit de la Solidarité », parmi les 1 700 citoyens bénévoles ou bien en tant que chefs d’équipe, pour les plus expérimentés d’entre eux.

Première opération de cette ampleur menée en France, elle a permis de dénombrer 2 952 personnes dans les rues de Paris : un chiffre qu’il faut malheureusement considérer comme une estimation basse, nombreuses étant les personnes dissimulées sous des abris de fortune (squats, halls d’immeubles….) par cette nuit froide et pluvieuse.
Parmi l’ensemble des statistiques recueillies par les bénévoles, certaines sont édifiantes quant aux problématiques rencontrées à la rue : 46% des personnes interrogées y vivent depuis plus d’un an, et seule une personne sans abri sur trois a déjà fait appel au 115.

Présents à la soirée de restitution du 20 mars dernier, nous étions intégrés au stand « aller vers » aux côtés d’autres associations et volontaires mobilisés pour un moment d’échange et de rencontres.
La Ville de Paris y a présenté, dans un second temps, un bilan de l’opération ainsi que ses engagements face à l’urgence de la situation, parmi lesquels :

  • la création de 3 000 places d’hébergement supplémentaires ;
  • l’ouverture de nouveaux accueils de jour, d’une bagagerie par arrondissement, de 2 nouveaux restaurants solidaireset l’amélioration de l’accès aux bains-douches ;
  • la création d’une « bulle » solidaire, lieu dédié à l’engagement citoyen autour des personnes sans abri (informations, rencontres, pilotage de projets…)

En tant qu’acteur pleinement impliqué auprès des personnes de la rue, nous nous associerons autant que possible à ces engagements.

« IL MANQUE AU MOINS 3 000 PLACES D’HÉBERGEMENT À PARIS »

Dominique Versini, Adjointe en charge des solidarités et de la lutte contre l’exclusion à la Mairie de Paris

Cette soirée s’est achevée sur des témoignages des volontaires impliqués : le Dr. Guy Lessieux, co-fondateur de notre maraude médicale des Hauts-de-Seine (92), a ainsi pu s’exprimer sur son expérience en tant que chef d’équipe lors de la Nuit de la Solidarité, mais aussi sur sa connaissance globale de l’accès aux soins des personnes à la rue en tant que médecin bénévole.

Sur le terrain, nos actions ne se limitent pas à l’hiver

Cette maraude médicale des Hauts-de-Seine a justement célébré cet hiver ses 20 années d’existence : 20 années de trajet à la rencontre des plus démunis, de soins, d’engagement bénévole et de témoignages riches d’émotion.
À Annecy (74) et Lille (59), des initiatives similaires ont été mise en place en 2016 : uniquement en période hivernale pour la première, mais nos bénévoles du Nord sont eux mobilisés toute l’année une soirée par semaine.
À Paris enfin, nous avons soumis l’an dernier le projet d’une maraude médicale au Budget participatif de la Ville : l’initiative a été retenue au sein du projet global #VilleRefuge et verra donc probablement le jour en 2019.
Les consultations médicales proposées au sein de nos dispensaires (Bastia et Limoges), ont lieu quant à elles tout au long de l’année, au profit de celles et ceux qui ne bénéficient pas d’une couverture maladie suffisante pour se soigner correctement.
Enfin, plusieurs maraudes sociales se poursuivent en dehors de la période hivernale : à Boulogne et Rueil (92) mais aussi Toulon (83) et pour la première fois à Mulhouse (68).

Du côté de l’accueil de jour, la Bagagerie Cœur du Cinq dans le 5e arrondissement de Paris est ouverte toute l’année pour permettre aux personnes à la rue d’y déposer leurs affaires la journée en toute sécurité : cela facilite leurs démarches administratives ou leur recherche d’emploi.
Afin d’offrir aux plus exclus un moment d’échange le week-end, plusieurs de nos Petits déjeuners solidaires se prolongent jusqu’à l’été, notamment à Paris.
Au-delà des boissons chaudes et collations servies, ils répondent surtout à un réel besoin d’écoute et de réconfort en fin de semaine, là où de nombreuses associations ferment leurs portes.
Les services de repas et de distribution de colis alimentaires (Oise, Boulogne, Le Mans…) fonctionnent quant à eux toute l’année.

L’hiver dernier, 54% des denrées alimentaires distribuées lors des Petits déjeuners du week-end provenaient de la grande opération de collecte solidaire « P’tits déj en Carême » de l’hiver précédent, qui tient donc un rôle prépondérant pour venir en aide aux plus exclus !

10e édition de P’tits déj’ en Carême : un trait d’union pour l’hiver prochain

Hasard du calendrier, le Carême prend fin cette année le 31 mars, veille de Pâques : la perspective négative d’une remise à la rue pour les personnes sans abri s’estompe donc, au regard de la mobilisation autour de « P’tits déj en Carême » : plus de 51 000 enfants et adolescents, au sein de 45 délégations départementales et 162 structures éducatives, ont collecté pour eux des denrées alimentaires et des produits d’hygiène pour l’hiver 2018/2019.

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Les jeunes mobilisés au collège La Salle à Annecy (74) – © Ordre de Malte France

Une fois de plus, ce bel effort de solidarité ne s’arrêtera pas à la théorie d’une date fixe : nombreux sont les établissements qui ont d’ores et déjà choisi de prolonger la collecte sur le début du mois d’avril, et nous les en remercions chaleureusement.

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