Solidarité - Publié le 11/06/2013 Lecture 4 min

Rencontre avec Fanny Rolland, chargée de projets au Pôle réfugiés et migrants

Quel est votre parcours et comment êtes-vous arrivée à l’Ordre de Malte France ?
Pendant mon master en droit international à l’université de Bordeaux, j’ai fait un stage de 4 mois en Jordanie, où j’ai travaillé pour un programme des Nations-Unies visant à diminuer l’impact des déplacements de réfugiés syriens sur les communautés locales. J’ai ensuite cherché un travail et, après un CDD de deux mois à France Terre d’Asile, j’ai postulé à l’Ordre de Malte France, que je connaissais un peu par ma mère. Libanaise, elle m’a toujours raconté que, pendant la guerre, l’Ordre de Malte était l’une des rares associations à intervenir dans le pays…

Quel est votre rôle ?
Travailler à l’intégration des demandeurs d’asile que nous accompagnons ! Appartenant à des minorités persécutées au Proche et Moyen-Orient, ils obtiennent de plus en plus rapidement le statut de réfugié, assorti du RSA. Mais ils sont ensuite confrontés à un défi de taille : apprendre une langue et une culture nouvelles, trouver des activités, un travail… Beaucoup disent que l’oisiveté leur pèse. J’essaye donc de monter des projets d’accompagnement individualisé vers l’emploi, en particulier pour ceux que nous aidons en Indre-et-Loire. J’ai 5 personnes en charge mais ce chiffre devrait augmenter dans les prochains mois. En parallèle, j’organise également des actions collectives pour permettre aux personnes que nous accompagnons de mieux connaître le marché de l’emploi en France et je crée des partenariats avec des structures favorisant l’insertion des personnes en situation de précarité.

Comment procédez-vous ?
Pour l’accompagnement individualisé, je rencontre les personnes régulièrement. Au départ, chacun doit remplir un questionnaire sur sa situation, son parcours professionnel dans son pays d’origine et ses priorités en matière d’emploi. Les réponses définissent l’accompagnement. J’interviens en général après les démarches administratives (demande d’asile, de logement social, reconnaissance du permis de conduire étranger, fiche familiale OFPRA, etc.) lancées par Benjamin et Ramzi.

Pouvez-vous nous donner un exemple d’accompagnement ?
L’une de ces personnes est un homme arrivé en France en 2016. Je l’ai rencontré alors qu’il venait de finir un CDD dans le domaine des espaces verts. Il avait ainsi pu progresser en français mais voulais suivre une formation pour s’améliorer et retrouver un travail. J’ai revu son CV avec lui, lui ai donné des adresses d’agences d’intérim et indiqué le forum de l’emploi et de l’alternance qui se tenait à Tours le 30 mai. Il a ainsi pu entrer en contact avec un organisme de formation en alternance et attend les résultats du test d’entrée passé la semaine dernière !

Avez-vous d’autres axes de développement ?
Oui, des partenariats avec les acteurs locaux en Indre-et-Loire, comme le Groupement des Structures d’Insertion par l’Activité Economique ou l’association Culture du Cœur (pour des sorties culturelles).

Vous coordonnez également les activités Français Langue Etrangère (FLE) en Ile-de-France je crois.
Oui, avec l’aide de toute une équipe. Pour développer un apprentissage de la langue pas trop cloisonné, nous organisons aussi des sorties culturelles au Louvre pour les apprenants, et ceux du CHU d’Ivry-sur-Seine ont visité le musée national de l’histoire de l’immigration la semaine dernière. Nous faisons du bon travail, j’en suis très heureuse !

Ce que vous faites vous satisfait-il ?
J’avoue que j’ai été surprise en devenant salariée de l’Ordre de Malte France : je savais que mon poste serait lié aux activités relatives à l’intégration mais je ne pensais pas gérer autant de choses ! Juriste de formation, j’ai l’impression d’avoir acquis de nombreuses autres compétences : gestion de projets, coordination d’activités, dans une même ville et/ou à distance, etc. Les actions de l’Ordre de Malte France sont vraiment complètes, elles ne favorisent pas un pan de l’intégration par rapport à un autre. En revanche, au début, le contact avec les personnes elles-mêmes me manquait mais je me déplace de plus en plus au CHU ou à Tours. Mes objectifs sont vraiment très humains et concrets…

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